Des milliers d'habitants des villes de Tadjenanet et de Ferdjioua, dans la wilaya de Mila, s'insurgent contre des actes de dilapidation du foncier public, orchestrés, selon eux, par le wali, Mohammed Amieur, et la mafia locale du foncier. Dimanche, un gigantesque rassemblement populaire a été organisé dans les rues de Tadjenanet pour protester contre le bradage des rares poches foncières communales. En colère, les citoyens appellent au départ du wali, qu'ils accusent d'être derrière «les attributions illégales de poches foncières dans la commune depuis des semaines». Les manifestants se sont rassemblés dans la ville et ont bloqué tous les accès aux sièges de la daïra et de l'APC, en appelant les responsables locaux à ne pas céder devant la mafia «qui veut mettre à profit le vide institutionnel que connaît le pays pour détourner le foncier de la commune». Ils se sont, ensuite, dirigés massivement vers la RN5 et l'ont bloquée au trafic routier. Et de dégager une feuille de route pour la suite à donner à leur mouvement citoyen, dont le but reste «la résistance à la mafia locale du foncier et la préservation des biens de la collectivité». Ils se sont entendus sur l'organisation d'une protestation devant le siège de la wilaya pour demander le départ du wali et la création de groupes de citoyens pour empêcher toute tentative de clôture des poches foncières de la ville par de prétendus investisseurs, qui ne sont, selon les citoyens, «que des membres d'une mafia qui exploitent la situation de confusion qui règne dans le pays pour nuire à la propriété publique». Il est à signaler qu'en réaction à cette situation inédite de dilapidation légalisée du foncier de la commune, les élus municipaux, à leur tête le P/APC, ont gelé, jeudi dernier, leurs activités au sein de l'APC. C'est la même situation qui prévaut dans la ville de Ferdjioua, où élus et société civile s'impliquent dans la résistance contre ce qu'ils appellent «la prédation légalisée des biens de l'Etat». En effet, le P/APC, Hocine Bousefsaf, a indiqué, samedi, lors de la réunion tenue avec les citoyens de la commune à la salle des sports : «Les attributions illégales de poches foncières que connaît Ferdjioua ces derniers jours sont l'œuvre du wali.» Le maire de Ferdjioua a provoqué cette rencontre avec les habitants pour dénoncer cet état de fait et leur dire toute la vérité sur la dilapidation des rares lots de terrains que la municipalité avait dégagés pour des équipements publics. Et d'expliquer à El Watan que depuis le 22 février, 13 lots de terrains ont été attribués par le wali à de prétendus investisseurs, alors que ces assiettes sont programmées pour des équipements publics. Se disant incapable de s'opposer à la prédation légalisée, Bousefsaf a appelé les citoyens à s'organiser pour «empêcher toute tentative de clôture des poches foncières se trouvant en dehors des POS de la ville». Et de s'interroger: «Comment se fait-il qu'on attribue un lot de terrain communal affecté de longue date à la construction d'une école primaire ?» Bousefsaf menace, d'autre part, de démissionner de son poste si les citoyens ne s'impliquent pas à ses côtés dans cette démarche. «Je ne cautionnerai pas cette démarche, je vais démissionner si les attributions qui ont eu lieu dans le vide institutionnel actuel ne sont pas annulées». Et d'ajouter : «Ce sont des agissements de mafia, sinon comment expliquer que des pseudo-investisseurs soient en train de clôturer des champs de blé appartenant à une coopérative agricole sans que la wilaya, avertie pourtant, intervienne ?». Les centaines de citoyens présents à la rencontre se sont entendus sur la démarche à suivre : empêcher par la force toute personne qui tente de placer une clôture autour des poches foncières communales et déposer une plainte contre le wali.