Malgré les nombreux scandales ayant éclaboussé les responsables en charge du secteur de l'urbanisme dans la wilaya de Boumerdès, de grands immeubles et des promotions immobilières continuent de pousser sur les lits d' oueds et des zones inondables. L'exemple le plus édifiant est constaté sur le lit du cours d'eau longeant la route de D'hous, à la sortie est e Boumerdès, où des blocs de plusieurs étages sont en cours de réalisation. De nombreux citoyens sont ahuris quant à l'indifférence dont font preuve les services concernés face à ces atteintes flagrantes aux règles de l'urbanisme et se demandent qui a donné le permis au constructeur. Le hic est que cela se passe à 300 m de la résidence du wali. «Si c'était à Timezrit ou dans une autre localité rurale, on aurait dit que les autorités n'ont rien vu, mais le fait que ce massacre se déroule au nez et à la barbe des autorités laisse poser des interrogations», souligne un citoyen. Selon un document de la DUC, 4674 infractions aux normes de l'urbanisme ont été enregistrées à travers la wilaya entre 2010 et 2018. Sur les 2271 PV de démolition établis, seulement 652 ont été exécutés. Dans la daïra de Boumerdès, il a été enregistré 644 infractions. A Aïn Abdellah et Foes, des dizaines d'immeubles poussent comme des champignons de part et d'autre de l'oued Tatareg. Cette rivière a même été obstruée par des murs en béton, érigés par des promoteurs véreux qui bénéficient des largesses de l'administration. Certains les qualifient d'«intouchables», capables de tout corrompre pour faire marcher leurs affaires juteuses. Il y a quelques jours, d'anciens et d'actuels élus de l'APC ont été convoqués par la justice dans le cadre d'une enquête portant sur l'attribution de certificats de conformité en violation de la loi. Parmi les bénéficiaires de ces documents figure une clinique privée, une coopérative immobilière et deux hôteliers qui ont empiété sur des terrains des Domaines. En septembre dernier, le directeur de l'hydraulique a accusé des propriétaires de promotions immobilières à Aïn Abdellah d'être à l'origine de la pollution de l'oued Corso, précisant que des dizaines d'immeubles ne sont pas raccordés au réseau principal des eaux usées. «Que font les services chargés du suivi des promotions immobilières. Ils construisent des immeubles à coups de milliards et refusent de contribuer financièrement à faire des raccordements au réseau d'assainissement», s'est-il emporté devant le wali et des directeurs de l'exécutif. Cette affaire de pollution a fini par emporter le directeur de l'urbanisme, mais son successeur, qui occupait le même poste à Annaba, n'a pas fait mieux. Pas même le chef de daïra de Boumerdès qui, lui aussi, a été recommandé par l'actuel wali, Mohamed Salamani, avec lequel il a eu à travailler pendant plusieurs années.