Ils engrangent des milliards de dinars de bénéfices chaque année, mais ils n'ont jamais réalisé un équipement public au profit de l'Etat. Leur activité juteuse a fini par leur conférer des pouvoirs exorbitants et ils ont un accès facile à toutes les administrations. Au fil des années et des «affaires», certains ont acquis une réputation d'hommes influents, intouchables. Ces derniers piétinent allègrement la loi sans qu'aucun responsable n'ose les rappeler à l'ordre ou leur barrer la route. Il y a deux jours, le directeur de l'hydraulique de Boumerdès s'est demandé, lors d'un conseil de wilaya, «que font les services chargés du suivi des promotions immobilières». «Ils construisent des immeubles à coups de milliards et refusent de contribuer financièrement à faire des raccordements au réseau d'assainissement», s'est-il emporté devant le wali et des directeurs de l'exécutif. L'intervenant parlait des promotions immobilières sises à Sidi Abdellah, à l'entrée de Boumerdès. Lesquelles déversent, selon lui, leurs eaux usées dans l'oued de Corso, pollué durant cet été, incitant les estivants à fuir la plage. Des dizaines de buildings y ont pris forme ces dernières années, mais la plupart des réseaux d'assainissement ne sont pas raccordés au collecteur principal du site. Le problème dure depuis plusieurs années. Mais il a fallu attendre la pollution des eaux de cet oued et la déclaration de plusieurs cas de choléra à Blida et Bouira pour que les autorités locales daignent réagir. Les coupables étant identifiés, l'opinion publique locale attend maintenant les sanctions. Mais les responsables locaux semblent se contenter de constats. Arnaque Aïn Abdellah, des dizaines d'immeubles à hauts étages se juxtaposent. Point d'espace de stationnement, d'aire de jeu, d'espaces verts. Il y a quelques jours, des résidents ont dénoncé le non-respect des plans initiaux de la cité, soulignant que le terrain devant servir à la réalisation d'un jardin a été bétonné pour abriter une tour. Outre ce problème, nombreux sont les promoteurs immobiliers qui ont été accusés d'escroquerie. L'un d'eux ainsi que six de ses associés ont été condamnés, l'année dernière, par le tribunal de Boumerdès. Ils avaient créé une promotion immobilière fictive et arnaqué plus de 500 personnes pour un montant global de 400 milliards de centimes. A Foes, toujours à Boumerdès, des promoteurs véreux ont érigé des immeubles sur les conduites d'eau de Taksebt et les réseaux de gaz. D'autres promotions ont poussé au vu et au su de tous sous des lignes de haute tension et en violation de toutes les normes urbanistiques. Même problème aux abords de l'oued Tatareg, où des centaines de logements ont été construits par des promoteurs sur des terrains très exigus et glissants. Bien que la loi prévoie une école primaire et des infrastructures publiques pour les grandes cités, aucun édifice public n'a été construit sur place. D'aucuns se demandent où vont étudier et jouer les enfants des futurs résidents ? De l'autre côté de la ville, une tour de plusieurs dizaines d'étages est en cours de construction au milieu d'une cité d'habitation, qui date des années 1970. Accusés tantôt d'impuissance tantôt de complicité, les services devant faire respecter la loi et sévir contre ces nouveaux magnats de l'immobilier semblent faire comme si de rien n'était.