Les services devant veiller au respect des normes d'urbanisme et de construction dans la wilaya de Boumerdès ne semblent pas avoir retenu la leçon du séisme de 2003. Malgré l'existence de mesures réglementaires draconiennes, de nombreuses promotions immobilières et autres bâtisses ne répondant à aucune norme continuent d'être érigées à travers la wilaya. La direction locale de l'urbanisme fait état de 2808 procès-verbaux d'infraction à la réglementation établis ces quatre dernières années à travers les 32 communes de la wilaya. Le nombre d'infractions est passé de 402 en 2011 à 1178 en 2015, selon les statistiques rendues publiques lors de la journée arabe de l'Habitat. Qu'a fait l'Etat pour mettre de l'ordre dans ce secteur et stopper cette urbanisation anarchique ? Pas grand-chose. Les services concernés parlent de 510 PV de démolition qui ont été signés durant la même période, dont 47 en 2011 et 157 en 2015. Cependant, aucune information n'a été donnée quant au nombre de constructions démolies. Dans la commune de Boumerdès, des promotions immobilières ont pris forme de manière anarchique à la cité Abdellah et au bord de l'oued Tatareg, sur un terrain glissant. Ici, rares sont les promoteurs qui ont respecté les plans d'urbanisme. L'un d'eux s'est même permis d'ajouter un bloc de plus de 10 étages en plus de ceux prévus initialement. Outre cela, aucune structure publique ou aire de jeu n'est prévue. «Le respect des normes est le dernier souci des promoteurs. Certains vendent un F4 de 80m2 à raison de 14 millions de dinars, mais ils ne dépensent aucun centime pour la réalisation d'un équipement public», dénonce un architecte, qui déplore le manque d'espaces verts et de stationnement dans la quasi-totalité des cités réalisées par des promoteurs privés. Selon lui, même les particuliers n'échappent pas à la règle. «Aucun service de l'Etat ne vérifie si les gens respectent le plan d'architecture et de génie civil qu'ils fournissent à l'APC avant l'obtention du permis de construire», explique-t-il. A la cité Foes, toujours dans la commune de Boumerdès, plusieurs villas ont été édifiées sur une conduite de gaz et sous une ligne électrique de haute tension. Alors que d'autres ont été transformées en bâtiments de plusieurs étages abritant des F3 et F4 qui ont été vendus à coups de milliards avec la complicité des responsables devant veiller à l'application la loi n° 04-05 du 14 août 2004 relative à l'aménagement et à l'urbanisme. Dans la commune des Issers, plusieurs habitations et des commerces ont poussé au centre-ville et aux alentours sur des terrains domaniaux. Même la façade de la salle de cinéma Afrique a été squattée par un commerçant et des particuliers qui y ont édifié des bâtisses en bonne et due forme. A défaut de stopper ce phénomène, les pouvoirs publics n'ont pas trouvé mieux que de promulguer la loi 08-05 du 20 juillet 2008 pour la mise en conformité des habitations ne répondant pas aux normes requises. Cependant, ladite loi semble un coup d'épée dans l'eau. Dans la wilaya de Boumerdès, seules 1213 bâtisses ont été mises en conformité sur les 4828 dossiers déposés auprès des APC. C'est dire que la solution à ce «fléau» doit être engagée en amont à travers le durcissement des mesures de contrôle sur le terrain et la sanction des contrevenants par la démolition de leurs constructions.