Le plan du pouvoir en place, visant à contourner les revendications politiques des Algériens, n'a pas fonctionné. Des centaines de milliers de personnes ont manifesté, aujourd'hui vendredi à Alger, pour exprimer leur rejet de l'activation de l'article 102 de la Constitution et exiger, une nouvelle fois, le départ de tout le régime en place. Les milliers de personnes, qui avaient commencé à manifester dès la matinée, sont devenus au fil des heures des centaines de milliers. Le centre d'Alger peine à contenir les marées humaines qui ont submergé le cœur de la capitale à partir de 14h00, après la fin de la prière de vendredi. « Oui à l'article 7 et 8, Non à l'article 102 de la Constitution », lit-on sur de nombreuses pancartes brandies par des hommes et des femmes de tous les âges et même par des enfants accompagnés par leurs parents. Les couleurs chatoyantes, les sourires et les chants ont tous un seul objectif : « chasser le gang et changer le système ». Une dame d'un certain âge défilait avec une pancarte sur laquelle elle a écris « Vous avez violé la Constitution, nous ne vous permettront pas de violer notre révolution pacifique ». D'autres manifestants ont hissé des écriteaux pour dire « NON à l'ingérence des émirats arabes unis et de la France ». Outre la revendication portant « départ de tout le système », les manifestants ont également insisté sur la nécessité de demander des comptes aux hommes du système en place. « Le peuple veut que vous rendiez des comptes », « Tous ceux qui ont soutenu le système de Bouteflika sont des corrompus », dénoncent la foule énorme en scandant « Ulac smah ulac (pas de pardon ». Le fameux Rachid Nekkaz a été chassé par une foule de jeunes manifestants qui l'ont repoussé au niveau de la rue Arezki Hamani ( ex Charasse) sous les cris « Dégage ! dégage ! ». En plus de Bedoui, Belaiz et Gaid Salah décriés par la foule, les chaines de TV Ennahar et Echourouk ont fait l'objet de critiques acerbes de la part de nombreux manifestants qui les ont qualifiées de tous les noms d'oiseaux. Plusieurs personnes ont défilé avec des banderoles pour réclamer « l'élection d'une assemblée constituante » et rejeter « la conférence nationale illégitime ». A 15h30, la rue Ben Mhidi vibre au rythme de « le peuple veut juger Said ( le frère de l'ex président Bouteflika ndlr » et « Blad bladna w ndirou Rayna ( c'est notre pays, c'est à nous à de décider ». A 16h30 la grandiose fête politique bat toujours son plein. Le pouvoir en place doit revoir sa copie et prendre au sérieux les revendications des Algériens qui n'ont pas cessé de manifester depuis le 22 février.