Medrissa, une importante commune aux portes du Sud, foncièrement agraire et disposant d'une zone d'activités qui bénéficie depuis peu d'un semblant d'intérêt, fait, paradoxalement, l'objet de convoitises sur ses terres et surtout ses biens immobiliers, dont des équipements structurants. Elle ne fait pas exception, puisque d'autres dossiers du genre existent au chef-lieu, à Sougueur, à Rahouia et bien d'autres. Certains d'entre ces derniers biens viennent de faire l'objet, d'une manière pas trop transparente, de concessions à des promoteurs privés. Certains dans la wilaya affublent d'ailleurs ces derniers du titre peu glorieux de «spéculateurs et affairistes du foncier», qui ont trouvé l'aubaine à l'aune de ce bradage qui ne dit pas son nom, car inscrit avec un certain légalisme. C'est dans cet esprit qu'une colère couve parmi la jeune population de Medrissa, qui compte à elle seule des centaines de diplômés de l'université. Dernièrement, l'ONDEA, une association chargée de promouvoir le développement, a rendu public un dossier pour le moins accablant sur cette frénésie ayant valu la concession d'entités telles que l'ex-CAPCS, les abattoirs, les magasins de la coopérative de céréales, le tout à…un seul particulier, celui-là même qui voudrait étendre ses tentacules aux quatre coins du territoire. «Alors qu'elle dispose d'une zone d'activités à même de permettre la création de petites et moyennes entreprises, laquelle zone avait fait l'objet de soutien de l'Etat, ne voilà-t-il pas qu'un opérateur s'est vu offrir avec une facilité déconcertante l'ex- abattoir communal, la CAPCS et les magasins de la CCLS et il a procédé à leur clôture», fait savoir le rapport adressé aux représentants des médias à Tiaret. Cela intervient dans un contexte local marqué par «les problèmes que rencontrent les agriculteurs pour le stockage de leurs produits pendant les campagnes, non sans recourir le plus souvent à des aires de stockage extra-muros». Nos interlocuteurs, qui se disent «outrés de voir ce bradage s'opérer en dépit de la réprobation citoyenne, dont celle véhémente sur les réseaux sociaux», affirment que «Medrissa a été vendue» et expliquent que «les responsables, à quelque niveau que ce soit, devraient se pencher sur cet état de fait». Contacté pour en savoir plus sur ces affaires, le maire d'obédience RND, Kelikhi Guenoun, s'en lave les mains et déclare à El Watan que «cette concession a été opérée par la direction des Domaines, après recensement préalable des biens domaniaux» et que «son assemblée n'a rien à voir avec cette transaction». Le maire de Medrissa ajoute que, «s'agissant des abattoirs, ils ont été concédés pour une durée de quelques années, selon un cahier des charges» et que «le promoteur a présenté un dossier ficelé devant valoir un investissement, toujours en gardant le créneau d'activité». S'agissant des abattoirs, leur concession reste toutefois aux contours imprécis, car l'assemblée n'aurait pas délibéré. Contacté, le directeur des Domaines trouve quant à lui qu'«il est inconcevable de parler de vente et/ou de cession, mais plutôt de concession de biens incessibles pour des durées indéterminées, le tout dans le cadre de la loi de finances 2015». Et d'expliquer que «certains biens concédés relèvent du patrimoine de l'Etat récupéré après externalisation ou dissolution d'anciennes entités». Bien plus, relève M. Saïdi, «il existe un arrêt de justice concernant toutes les anciennes CAPCS», mais assure qu'en tout état de cause, «la concession se fait dans un cadre réglementaire et les Domaines formalisent après proposition du wali». Par l'occasion, ce responsable sur qui se focalisent toutes les attentions et les surenchères concernant le foncier nous a donné rendez-vous pour faire le point et s'est dit «prêt à rendre publique, dans la transparence, la liste les biens concédés».