Selon des opérateurs, des collectivités locales n'encouragent pas l'investissement dans la wilaya. Le constat est sans appel : c'est l'absence de foncier industriel qui est à l'origine du blocage des projets d'investissements à Béjaïa. Le fait est partagé par tout le monde dont les opérateurs économiques et élus locaux, les plus directement concernés par la question. C'est le constat aussi que font les quelques patrons et investisseurs potentiels joints par téléphone dans le cadre du présent dossier. Tour d'horizon. À Seddouk, le gérant de la Sarl Khodja et Frères, une huilerie moderne et une entreprise exportatrice des produits du terroir (huile d'olive, olives, figues, câpres, cornichons), est catégorique : "Ce qui bloque les investissements chez nous, c'est l'absence de foncier." Zahir Khodja a affirmé en outre qu'il y a des gens, porteurs de projets d'investissements dans plusieurs domaines, agricoles ou autres, qui sont à la recherche de foncier industriel. Mais impossible de trouver la moindre parcelle de terrain. L'un de ces porteurs de projet, Bouazza Abdelaziz, était intéressé, lui et deux de ses amis, par la reprise de l'ancien abattoir de Seddouk. "On a vu les élus de la mairie. Ils nous ont renvoyés vers la wilaya. Le problème, les gens de la wilaya nous ont orientés à nouveau vers l'APC ! Pourtant, l'abattoir est devenu un dépotoir ; un lieu de beuverie et de débauche. Nous, on voulait une concession de 20 ou 30 ans d'autant qu'il s'agit d'une activité réglementée." Le promoteur et ses futurs associés voulaient disposer des agréments sanitaires et phytosanitaires existants. Rien à faire. L'abattoir existe mais il est à l'abandon. Pour Aziz Bouazza : "Il y a un blocage quelque part. Pourtant, on aurait pu, déplorera-t-il, créer de l'emploi et de la richesse. L'APC aurait pourtant tout à gagner à reprendre cet espace." À Tifra, une commune rurale, située sur les hauteurs de Sidi Aïch et en contrebas des communes d'Akfadou et d'Adekar, le maire a évoqué le cas de ce jeune investisseur qui voulait monter une unité de production de PVC sur une parcelle de terrain de 3000 m2. "On lui a donné un avis favorable, a indiqué le président de l'APC, mais quand son dossier a atterri à la direction de la PMI/PME, il est demeuré sans suite jusqu'à présent." L'APC de Tifra fait partie des communes les plus pauvres de la wilaya ; elle vit de subvention d'équilibre. Les membres de l'exécutif avaient espéré renflouer les caisses de la municipalité avec les taxes fiscales et parafiscales et réduire un tant soit peu le chômage qui touche une proportion importante des jeunes de la région. A contrario, Akbou est une commune considérée parmi les plus riches en raison de la taxe professionnelle dont s'acquittent mensuellement les entreprises de la zone d'activité de Taharacht. Mais on est confronté à une autre situation. Le problème du foncier se pose bien évidement mais c'est plutôt le blocage de l'APC qui est à l'origine de l'absence de projets d'investissements, a dénoncé Mouloud Salhi, un élu de l'opposition. "Nous avons des milliards dans les caisses mais qui ne sont pas investis, affirmera-t-il. Dans notre cas, c'est la commune qui bloque les projets d'investissements, y compris ceux d'utilité publique. Et cela dure depuis 2006." Un dossier sur lequel il invite les journalistes à s'y intéresser pour le bien de la collectivité. M. O.