Galvanisés par les concessions obtenues avec le départ d'El Béchir et d'autres responsables militaires, les Soudanais apparaissent en effet plus déterminés que jamais. Pour le centre de réflexion International Crisis Group (ICG), «il est de plus en plus clair que la révolution reste inachevée». «La clique sécuritaire toujours au pouvoir résiste clairement aux exigences de la rue», ajoutent ses animateurs. Des milliers de Soudanais sont rassemblés devant le QG de l'armée, dans le centre de la capitale Khartoum, pour le 14e jour consécutif afin d'exiger des militaires la remise du pouvoir aux civils. Les chefs de la contestation au Soudan ont annoncé, de leur côté hier, la formation prochaine d'une autorité civile en charge des affaires du pays pour accroître la pression sur l'armée. L'Association des professionnels soudanais (SPA), groupe en première ligne de la contestation, a précisé dans un communiqué que «les noms des membres d'un Conseil civil en charge des affaires du pays seront annoncés lors d'une conférence de presse dimanche à 19h locales (17h GMT)» devant le QG de l'armée. «Nous réclamons que ce Conseil civil, qui comprendra des représentants de l'armée, remplace le Conseil militaire», a déclaré, à la presse, Ahmed Al Rabia, un des leaders de la SPA. Les chefs de la contestation n'ont pas donné davantage de précisions sur leurs intentions. Aucune réaction de l'armée n'était disponible dans l'immédiat. C'est un Conseil militaire de transition dirigé par le général Abdel Fattah al Burhane qui a pris le pouvoir depuis le renversement du président Omar El Béchir le 11 avril dernier. Ce conseil a résisté jusque-là aux appels des manifestants à le transférer à une administration civile. Hier, les manifestants ont réitéré, quant à eux, leur intention de rester devant le QG de l'armée jusqu'au départ des militaires du pouvoir, quoi qu'il leur en coûte. Depuis le 19 décembre, la répression contre les manifestants a fait plus de 60 morts et des centaines de blessés. Des milliers de personnes ont été emprisonnées. Galvanisés par les concessions obtenues avec le départ d'El Béchir et d'autres responsables militaires, les manifestants apparaissent en effet plus déterminés que jamais. Le centre de réflexion International Crisis Group (ICG) estime à ce propos qu'«il est de plus en plus clair que la révolution reste inachevée». «La clique sécuritaire toujours au pouvoir résiste clairement aux exigences» de la rue, avertissent ses animateurs. Arrêté et détenu dans une prison de Khartoum, El Béchir, 75 ans, est pour sa part sous le coup de mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), pour «génocide» et «crimes de guerre» au Darfour. Les autorités actuelles refusent pour le moment son extradition. Arrivé au pouvoir par un coup d'Etat soutenu par les islamistes le 30 juin 1989, El Béchir a dirigé d'une main de fer un pays en proie à des rébellions dans plusieurs régions et était accusé de violations des droits de l'homme par les ONG internationales.