L 'Association des professionnels soudanais (SPA) a appelé hier à la dissolution du Conseil militaire et son remplacement par une instance civile, rapportent les médias citant un des animateurs de ladite association. «Nous voulons la dissolution du Conseil militaire et son remplacement par un conseil civil qui comprenne des représentants de l'armée», a déclaré un responsable de la SPA, fer de lance de la contestation au Soudan depuis le 19 décembre, Mohamed Naji. La SPA a aussi réclamé le renvoi du chef du pouvoir judiciaire, Abdelmajid Idris, et du procureur général, Omer Ahmed Mohamed. Un peu plus tôt dans la journée, elle a exhorté les protestataires à rester mobilisés devant le siège de l'armée à Khartoum. Comme elle a dénoncé une tentative de «disperser le sit-in» qui rassemble des milliers de personnes depuis le 4 avril. «Il y a une tentative de disperser le sit-in dans le secteur du QG de l'armée, ils essaient de retirer les barricades» installées par les manifestants sur les routes menant au sit-in, a déclaré la SPA dans son communiqué. «Nous appelons notre peuple à venir immédiatement dans le secteur du sit-in pour protéger notre révolution», a ajouté cette association, qui regroupe notamment des médecins, enseignants et ingénieurs. Les professionnels soudanais ont interprété cette tentative de disperser les manifestants comme une «indication que le Conseil militaire ne respectera pas son engagement auprès du peuple», dans un communiqué séparé, publié sur leurs pages Facebook. Samedi, l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), qui regroupe la SPA et les partis de l'opposition, a présenté une liste de revendications au nouveau Conseil militaire de transition, à la tête du pays depuis la destitution, jeudi, d'El Béchir, au pouvoir depuis 1989. L'ordre kaki pressé de toutes parts En résumé, il est demandé le transfert immédiat du pouvoir par le Conseil militaire à un gouvernement de transition civil, qui devra diriger le pays pendant une période de quatre ans, à l'issue de laquelle des élections devront être organisées. Aussi, les contestataires réclament la dissolution du Parti du congrès national (NCP) d'El Béchir, qui devra être jugé, tout comme les plus hauts dirigeants du NCP. Entre-temps, les propriétés de ce parti doivent être confisquées. Ils recommandent en outre le rétablissement de la Constitution de 2005, suspendue par le Conseil militaire après la destitution du président. Ainsi que la restructuration du service de renseignement soudanais (NISS), dont les éléments impliqués dans la répression des manifestants doivent être jugés. En parallèle, les appels de la communauté internationale à une passation rapide du pouvoir aux civils se sont multipliés. Succédant au général Ibn Ouf, resté seulement 24 heures à la tête du Conseil militaire, le général Abdel Fattah Al Buhran a promis samedi «d'éliminer les racines» du régime d'El Béchir. Le Conseil militaire compte toutefois parmi ses 10 membres des piliers de ce régime et des personnalités controversées, comme Hamdan Daglo, chef de guerre au Darfour. Dimanche soir, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Norvège ont appelé les militaires à entamer rapidement un dialogue «crédible» avec l'opposition, les organisateurs de la contestation et des représentants de la société civile. Dans un communiqué conjoint, leurs ambassades ont mis en garde contre l'utilisation de la violence pour disperser les manifestations. Hier, l'ambassadeur britannique au Soudan, Irfan Siddiq, a écrit dans un tweet après avoir rencontré le chef-adjoint du Conseil militaire, Mohamad Hamdan Daglo, que «notre principale demande, pas de violence, pas de tentative de disperser le sit-in par la force». Chef des opérations de la force (paramilitaire) de soutien rapide, Hamdan Daglo est accusé de violations des droits humains au Darfour (ouest).