Eu égard au relâchement constaté dans le contrôle et la surveillance du commerce anarchique, les marchands informels reviennent avec force, particulièrement dans les endroits d'où ils ont été délogés il n'y a pas si longtemps. A Bachdjarah, la rue du marché des fruits et légumes est redevenue ce qu'elle était il y a des années, c'est à dire un lieu de négoce en plein air. Cette situation aurait été tolérable si elle n'avait pas affecté les habitants des immeubles et des cités avoisinants. Le quartier tout entier tend à ressembler beaucoup plus à un marché qu'à un lieu de résidence, tant le nombre d'étals qui y sont installés dépasse l'entendement. Les habitants sont pénalisés par cet envahissement, qui a transformé leur lieu d'habitation en une immense enclave commerciale avec tous les désagréments qui en découlent. Les résidents des immeubles, acculés dans leurs derniers retranchements, sont réduits à composer avec les commerçants informels, car la moindre remarque qui émane de leur part peut conduire à des rixes et à des affrontements. Même les entrées des immeubles sont obstruées, «nous avons des difficultés à rejoindre nos appartements à cause des étals des commerçants qui gênent l'accès. Cette situation est inadmissible, d'autant plus que les autorités compétentes n'interviennent pas. Elles laissent faire», confie un habitant. En plus des trottoirs qui sont complètement squattés, les vendeurs anarchiques occupent même la chaussée, rendant la circulation des voitures impossible, «pour accéder à la cité, les habitants sont obligés de parcourir une centaine de mètres en une heure de temps. Cela est dû aux marchands qui occupent par leur présence impromptue tout l'espace, y compris une partie de la chaussée. La circulation se retrouve gênée dans les deux sens», déplore-t-il. En plus de la congestion démentielle, le quartier est envahi par les détritus qui s'amoncellent dans les moindres recoins, «l'insalubrité qui règne dans notre cité n'émane pas des habitants, mais des vendeurs informels qui laissent tout sur place», assure-t-il. Rappelons que ce marché anarchique a fait l'objet par le passé d'une tentative d'éradication qui a nécessité la mobilisation en force des services de sécurité. Il s'en est suivi une période où il n'y avait aucune activité commerciale en dehors de celle autorisée. Après quelques semaines marquées par un relâchement déconcertant des services de sécurité et des autorités locales, les marchands anarchiques ont réinvesti les mêmes espaces d'où ils ont été chassés. L'anarchie a, depuis, repris de plus belle et le nombre de marchands s'est accru de manière inquiétante. «Il est vrai que derrière chaque marchand il y a une famille, cependant, ils doivent se soumettre à la réglementation. Les responsables locaux doivent leur trouver une solution pour les intégrer dans le circuit commercial légal. On ne peut pas autoriser une anarchie pareille, car il y a des citoyens qui sont pénalisés», conclut-il.