Le facteur environnemental, en grande partie l'état des routes, est directement responsable de près de 7% des accidents de la circulation en Algérie. Toutefois, de nombreux experts estiment que ces chiffres sont bien en deçà de l'impact réel de l'état, parfois calamiteux, du réseau routier sur le nombre d'accidents enregistrés. « Ce facteur intervient souvent dans ce que nous cataloguons dans le registre des causes humaines », et ce, à hauteur de près de 42% des accidents mortels, a estimé Slimane Himouri, chercheur à l'université de Mostaganem, durant son intervention au cours d'une journée technique organisée hier à l'Ecole nationale supérieure des travaux publics, autour de « Infrastructures et sécurité routière ». « Il est évident que lorsque l'infrastructure est de qualité, construite et entretenue aux normes, les accidents diminuent de manière importante », a affirmé Fares Boubakour, directeur du laboratoire de recherches management, transport et logistique. « Il a d'ailleurs été démontré que le risque de sinistres diminue de 5 fois lorsque l'on évolue d'une route à une autoroute », a-t-il ajouté. Avec une moyenne de 300 000 accidents annuellement qui engendrent 4000 morts, l'Algérie fait office de championne en la matière, se positionnant à la 4e place à l'échelle mondiale et à la 1re place à l'échelle arabe. « La preuve est qu'il a été répertorié près de 1500 points noirs qui jouent directement ou indirectement sur l'importance des accidents », a précisé M. Boubakour. D'ailleurs, en dépit des nombreuses campagnes de sensibilisation régulièrement menées par les pouvoirs publics, ou encore des tentatives de rénover les réseaux routiers, rien n'y fait : les dommages sont toujours aussi considérables. En 2009, il a été enregistré une moyenne de 11 morts par jour pour 68 accidents quotidiens. Ces dégâts auraient coûté au Trésor public, pour cette même année, près de 200 milliards de dinars. Toutefois, selon les statistiques avancées par le Centre national de prévention de sécurité routière, une réduction sensible des sinistres routiers a été observée au début de l'année 2010. Ainsi, comparativement au premier trimestre 2009, les accidents ont diminué de 34,40% durant le premier trimestre 2010, ce qui équivaut à une différence de 3098 accidents et de 186 morts. Certains intervenant ont imputé cette amélioration à l'instauration de mesures de plus en plus drastiques, à l'instar des modifications apportées aux sanctions prévues dans le code de la route, que d'aucuns jugent toutefois répressives. De même, l'ouverture de nouvelles voies et de l'autoroute Est-Ouest a contribué à cette baisse. Mais il semblerait que cette nouvelle infrastructure ne soit pas aussi sécurisée qu'il y paraît. Outre le manque d'éclairage, « la bande d'arrêt d'urgence, qui a été pensée pour des mobylettes, présente un danger incroyable pour les usagers », a déploré M. Himouri.