L'ampleur des dégâts occasionnés par les accidents de la route, surtout sur le plan humain continue de meubler l'attention des pouvoirs publics. Les récents chiffres communiqués par le Centre national de la prévention et de la sécurité routière (CNPSR), font ressortir que le taux de mortalité a connu une progression de 21 % et celui des accidents de la route 9 % durant le mois de juillet, et ce en comparaison avec la même période de l'année 2007. La même année, il a été comptabilisé 39 010 accidents corporels qui ont eu pour conséquence le décès de 4 177 personnes et 61 139 autres blessées dont plus de 3 000 en état grave. Durant les trois dernières semaines du mois d'août, il a été enregistré 2800 sinistres de la route causant 313 décès et 4 789 blessés. Selon le bilan de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), onze personnes sont tuées chaque jour sur les différents axes routiers. L'Algérie serait ainsi le quatrième pays le plus dangereux au monde en matière de circulation automobile. Une hausse vertigineuse qui amène les plus hauts responsables de l'Etat à se pencher sérieusement sur ce phénomène et à tirer une fois de plus la sonnette d'alarme. De fait, il est normal que la sécurité routière constitue un enjeu de société majeur tant par le nombre des victimes tuées, blessées ou handicapées à vie, que par le poids du coût économique des accidents de la route pour la société dans son ensemble. Le ministre des Transports, M Amar Tou, a déclaré jeudi que, c'est pour la première fois qu'il y a des chiffres aussi complets " C'est pour la première fois qu'on a des statistiques de cette manière là présentés par le Centre national de la prévention et de la sécurité routière qui recueille toutes les informations qui sont communiquées par la Gendarmerie nationale et la Sûreté nationale ". Selon le ministre, l'avantage de ce centre est de collecter l'ensemble des informations. " Ces statistiques vont être complétées par la partie " coût des accidents " d'une manière générale (partie matérielle, impact sur les routes, aspect coût de santé pour les victimes…). Les propos de M. Amar Tou, semblent vouloir dire que, le sous-rapport et le manque de données désagrégées des accidents de la circulation limite le niveau de détail, néglige beaucoup de facteurs et réduit les possibilités d'analyses réelles de ce fléau. Selon les experts, les données des accidents de la route, et le nombre de victimes sont l'objet de sous-déclaration, qui sont dues soit aux procès-verbaux non exhaustifs des accidents, élaborés par les services de sécurité, certains facteurs importants ne figurent pas dans ces PV, soit aux modèles d'enquêtes d'accident : les circonstances du déroulement de l'accident rapporté, sont subjectives en l'absence d'une analyse rigoureuse des événements précédant l'accident, soit encore à la complexité du suivi de l'état de santé des victimes des accidents de la circulation ; absence de fichier de suivi des blessés de la route, au niveau des urgences des hôpitaux ; soit aux accidents non rapporté par ces services ; les procédures font que certains accidents de la route ne sont pas comptabilisés. En effet, l'Etat débourse une moyenne de 850 000 dinars pour chaque accident de la route et 170 000 dinars pour la prise en charge d'un blessé. Le coût total de l'insécurité routière est estimé à plus de 1 milliards de dollars par an. Depuis quelques années, la sécurité routière est entrée dans les préoccupations des pouvoirs publics en particulier, et de la société en générale. Des efforts importants ont été entrepris pour diminuer le nombre d'accidents, sécuriser les véhicules et l'infrastructure routière, favoriser la prévention et l'éducation routière. Mais, malgré cette amélioration notable des résultats en termes d'accidentologie, le comportement collectif sur la route n'a pas changé. Il reste encore de nombreux domaines où agir pour la " route " devient, dans une logique de mieux " vivre ensemble ", " un espace socialisé " où il serait possible de se déplacer en toute sécurité dans le respect de chacun, quel que soit le mode de locomotion utilisé. L'un des domaines les plus urgents réside dans la normalisation et l'évaluation de la conformité. Dans ce contexte, l'étude réalisée par le Cnes souligne que le parc automobile national a atteint une proportion inquiétante (plus de 6 000 000 de véhicules NDLR), et que le transport de personnes ou de marchandises à travers les réseaux routiers à atteint 85 %, chose qui encombre encore davantage les routes nationales. Ajouter à cela la qualité, dénoncée dans la plupart des cas, de la pièce de rechange, qui en l'utilisant met en danger les usagers de la route. 90 % de la pièce de rechange mise sur le marché est contrefaite. C'est dire toute l'urgence de la normalisation dans le domaine de la sécurité routière, qui devrait porter sur les questions de sécurité secondaire. Cela signifie la capacité du véhicule de " protéger " ses occupants et d'autres usagers de la route en cas de collision.