Une émouvante cérémonie a été organisée, samedi après-midi, au siège de l'APC de la Casbah-Oued Koreich, à l'initiative de l'organisation des enfants de chouhada pour honorer la mémoire de Abderahmane Taleb. L'hommage, auquel ont assisté d'anciens internés et des condamnés à mort originaires de La Casbah, a été rehaussé par une conférence donnée par Mohamed Rabah. Qui ne connaît pas le nom de Abderahmane Taleb, ce héros guillotiné le 24 février 1958, il y a 52 ans, suite à trois procès auxquels l'avait soumis le pouvoir militaire colonial français ? Et pourtant, à écouter l'exposé de Rabah en véritable chercheur, on réalise qu'il y a toujours de nouveaux aspects à découvrir sur la personnalité d'un jeune homme, qui avait une détermination peu commune dans sa participation à la lutte pour l'indépendance de son pays. Rappelons que ce martyr est célèbre surtout pour ses qualités d'artificier de l'ALN-FLN, dans le centre du pays et surtout dans l'Algérois. Rabah a fouiné un peu partout, a recueilli des témoignages auprès de ceux qui l'ont connu et lu la presse coloniale ainsi que des livres pour trouver de nouveaux détails. C'est ainsi qu'il cite Fernand Meyssonnier, bourreau et fils de bourreau, celui-là même qui a exécuté Abderahmane Taleb. Cet exécuteur, qui aimait ce qu'il faisait, témoigne dans un ouvrage Paroles de bourreau, comment il s'est attribué les fameuses lunettes du supplicié qu'il garda chez lui, en France. Mohamed Rabah raconte un autre détail : c'est A. Taleb, précise-t-il, qui convainquit l'imam qui venait lui lire la fatiha de la mort d'aller se battre pour son pays. L'homme, qui s'appelait cheikh Tahar, renonça séance tenante à lire les fameux versets et quelque temps plus tard il succomba les armes à la main en combattant l'armée française. Il avait suivi les dernières paroles du condamné à mort. Le chahid était d'une grande ouverture sur les idées gauchistes notamment, comme le rappellera au cours des débats un de ses neveux, qui témoigna que Abderahmane avait également fréquenté les communistes qui l'ont initié aux idées de progrès. Le conférencier a réussi à reconstituer le parcours de ce jeune homme à la vie si brève (il est mort à 28 ans), en suivant ses traces aussi bien à La casbah où il avait installé son laboratoire pour fabriquer des bombes, et au maquis où, finalement, il avait été pris suite à la trahison du propriétaire de la cabane où il s'était réfugié. La condamnation à la guillotine de Abderahmane Taleb avait provoqué une vive émotion dans le monde et avait même soulevé un tollé en Europe. de nombreux intellectuels, français entre autres, avaient lancé une pétition pour le soustraire à la guillotine, en vain.