La Méditerranée représente 1% de la surface des océans mais regroupe 10% de la biodiversité marine. Oran De notre envoyé spécial La première conférence ministérielle sur l'environnement et les énergies renouvelables, qui s'ouvre aujourd'hui à Oran, dans le cadre du dialogue méditerranéen 5+5, aura à traiter de thèmes extrêmement importants relatifs aux changements climatiques, à la lutte contre la désertification, à la gestion des déchets, aux ressources hydriques et à la biodiversité. Les experts se sont attelés, depuis deux jours, à l'adoption de l'ordre du jour des travaux ainsi qu'à la présentation des propositions qui seront examinées dans le cadre du projet de « déclaration d'Oran » qui sanctionnera la réunion des ministres de l'Environnement. En abritant cet événement, l'Algérie a plusieurs messages à délivrer : la concertation et la coopération entre les pays riverains de la Méditerranée s'avèrent d'une « impérieuse nécessité » d'autant plus que cette mer présente une forte sensibilité face aux risques susceptibles d'être générés par tous les phénomènes liés à la dégradation de l'environnement et les changements climatiques. Deuxième message : l'environnement est devenu une préoccupation majeure dans cette partie du monde, mais il faut passer de la prise de conscience au geste concret. Au-delà de la problématique de l'environnement, les gouvernements ont pris la pleine mesure des enjeux. Politiquement, l'Algérie ne veut pas rester en marge des discussions sur le climat et la pollution et s'implique dans ce débat. Le déroulement de ce 5+5 à Oran est déjà une victoire pour notre pays, qui a besoin de ce genre de forum pour se forger une image positive.La plupart des ministres présents tenteront de faire avancer le débat et de peser de tout leur poids. C'est la première traduction concrète d'une nouvelle page de l'histoire de la Méditerranée, histoire partagée par une coopération renforcée entre des Etats qui ont en commun un même destin. Au-delà des projets, il y a l'envie de s'inscrire dans un projet politique de dimension planétaire. Le défi politique et institutionnel consiste à convaincre de la nécessité de changer notre modèle énergétique. La Méditerranée représente 1% de la surface des océans mais regroupe 10% de la biodiversité marine. Malheureusement, près de 20% des espèces marines qui y vivent sont menacées de disparition. Il y a donc urgence. L'Algérie défendra ses positions auprès de ses partenaires méditerranéens avec la volonté de faire bouger les lignes. L'eau, avec le climat et la biodiversité, constitue l'une des trois grandes priorités du siècle, selon Cherif Rahmani, ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme. La croissance démographique, les besoins différenciés mais croissants des pays de la région, les aléas climatiques qu'il s'agisse de sécheresse, de pénurie chronique ou d'inondations dévastatrices exacerbent le caractère vital de l'eau, qui est devenue un enjeu économique, voire politique, important. L'élévation du niveau de la mer est une autre conséquence du changement climatique et entraîne le plus souvent des infiltrations de sel dans les nappes, avec d'inévitables conséquences sur la qualité des eaux souterraines. Les périodes de sécheresse sont également courantes dans la région, entraînant de graves pénuries d'eau. Cette situation fait des échanges d'expérience et de la coopération entre pays méditerranéens en matière de gestion des ressources hydriques un axe fondamental de leur relation. Les pays du 5+5 devraient aussi promouvoir leur coopération en matière de dépollution marine entre eux ainsi que dans le cadre du Plan d'action pour la protection de la Méditerranée (PAM) et de l'UPM. Le renforcement des capacités est nécessaire pour la mise à niveau des institutions et pour une implication plus accrue des partenaires comme les opérateurs économiques, les gestionnaires, les scientifiques et la société civile. Il y a lieu également de répondre au besoin en matière de formation, d'éducation, d'échange d'expertises, d'étude et de recherche, de transfert technologique et de sensibilisation à différents niveaux. Les pays 5+5 devraient entreprendre des actions de coopération dans des domaines variés. Le Plan solaire Méditerranéen (PSM), un des projets phares, s'est fixé de créer 20 gigawatts de nouvelles capacités de production d'énergies renouvelables d'ici 2020, dans les pays au sud et à l'est de la Méditerranée. Il devrait également créer des synergies entre les stratégies nationales en matière de développement de l'énergie solaire. Les interconnexions électriques (Med-Ring) visent à développer une boucle électrique entre les deux rives de la Méditerranée, ouvrant la perspective d'un véritable marché commun de l'énergie. La mise en place d'un cadre juridique et réglementaire idoine constitue un préalable important au lancement d'une telle coopération.