Le bassin de la Méditerranée occidental est appelé à vivre des situations environnementales difficiles si les mesures de prévention ne sont pas mises en place dans les meilleurs délais. Le scénario tendanciel de mal développement urbain met en lumière la nécessité de se concerter autour de véritables politiques des villes durables. C'est dans cette optique que l'Algérie, par la bouche du ministre de tutelle, plaide pour la mise en place d'une agence méditerranéenne des villes durables. Cette déclaration a été mise à contribution, hier, à Oran par Chérif Rahmani, lors de l'inauguration à l'hôtel Sheraton de la 1re conférence ministérielle du dialogue méditerranéen sur l'environnement et les énergies renouvelables. Ainsi, le développement durable de la Méditerranée est mis sous les feux de la rampe par le ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme devant ses pairs représentés dans l'enceinte du dialogue politique regroupant les pays du Maghreb (Algérie, Libye, Maroc, Mauritanie et Tunisie), ainsi que les cinq pays de l'Union européenne (Espagne, France, Italie, Malte et Portugal). Les conséquences sur la dégradation de l'environnement sont nombreuses dans ces pays. La gestion des déchets ménagers est une préoccupation majeure des collectivités locales insuffisamment encadrées et équipées, la pollution atmosphérique urbaine s'accroît, alors que la pollution industrielle reste problématique dans des zones situées à la périphérie des villes. Un tableau peu reluisant brossé par Cherif Rahmani qui pointe du doigt les effets à cause d'un tourisme débridé. Selon lui, le nombre de touristes estimé aujourd'hui à 150 millions de personnes sera de l'ordre de 500 millions. Cet état de fait aura des conséquences anthropiques (actions de l'homme) sur la biodiversité du littoral. Pour lutter contre ce dépérissement, il préconise l'institution d'un schéma d'aménagement côtier méditerranéen. Ce mécanisme aura plus l'avantage d'établir une nouvelle rationalité dans la prise de décision politique que de fonder une nouvelle économie. Il est également fait état de la protection de biodiversité marine par la mise en place d'un réseau méditerranéen des musées marins. Dans son intervention, le ministre de tutelle a expressément invité les membres du groupe 5+5 à œuvrer pour l'amélioration des connaissances des modèles à l'échelle de la Méditerranée. Cette proposition est concrètement abordée par Chérif Rahmani qui a formulé le vœu de la création d'un Observatoire de la Méditerranée et du développement durable. Les activités de cette institution seraient basées au cœur de la ville d'Oran dans un jardin méditerranéen de 40 hectares sur le littoral. Trois autres propositions ont été faites par l'orateur concernant l'élaboration et l'harmonisation des plans climat incluant les différents pays à l'effet de restituer la cohérence d'ensemble. Précisant sa pensée, l'orateur parle “d'harmoniser les plans de climat nationaux tout en consolidant les résultats dans un plan climat méditerranéen qui seront approuvés internationalement”. Il en est de même pour la mise en place d'un cadre de concertation et d'expression informelles entre les pays méditerranéens sur le climat. “Ce garde-fou servirait de catalyseur au sommet de Copenhague qui n'a pas enregistré les résultats escomptés”, a estimé Cherif Rahmani. Pour lui, le dialogue 5+5 pourrait mettre à profit le délai supplémentaire menant à la conférence de Cancun (Mexique, ndlr). L'idée prônée par le conférencier vise à faciliter la négociation à venir en matière de partage d'une vision commune. C'est aussi le cas pour les énergies renouvelables qui restent structurellement liées à leur développement. Cette donne demeure chevillée à l'esprit du développement durable en Méditerranée. Elle est durablement ballottée au gré du changement d'échelle qui fait dangereusement reculer les lignes. Le ministre de tutelle met en exergue la démographie de cette écorégion qui atteindra 524 millions en 2025 (360 millions en 1985), soit autant que la population actuelle de l'Union européenne (455 millions) et de la Russie (140) réunies (295 millions). C'est dans cette vision que les thèmes débattus concernent les changements climatiques du bassin méditerranée, l'état de dégradation de la côte et le flux migratoire vers le littoral. Les interventions des spécialistes en la matière préconisent une politique réfléchie basée essentiellement sur une gestion appropriée à l'environnement du pourtour méditerrannéen.