Des travailleurs de plusieurs corporations professionnelles de la wilaya de Biskra ont organisé, dimanche, des rassemblements pour dénoncer «un certain nombre de dysfonctionnements, de lacunes et de dépassements commis par leurs responsables hiérarchiques ou les autorités locales», selon leurs estimations. En grève depuis plusieurs jours, les chauffeurs d'autobus privés de Ouled Djellal et de Sidi Khaled, villes situées respectivement à 100 et 120 km au sud-ouest de Biskra, ont garé leurs véhicules, bardés de pancartes et de banderoles, devant la direction des transports. Ils dénoncent l'attribution jugée pléthorique de nouvelles autorisations d'exploitation des lignes de transport entre ces villes et le chef-lieu de wilaya. «Nous exigeons une étude de marché sérieuse pour déterminer les besoins de la région en véhicules de transport. Nous nous élevons contre les décisions aléatoires et infondées des responsables du secteur. Multiplier le nombre d'opérateurs sur ces lignes ne sert à rien que de mettre dans l'embarras les transporteurs établis se retrouvant face à une concurrence sauvage», a confié un de ces transporteurs, dont une délégation a été reçue par le directeur des transports. A quelques mètres de là, une cinquantaine de travailleurs du service de gardiennage et de surveillance d'Algérie Télécom ont manifesté devant l'agence commerciale de la cité des Moudjahidine pour réclamer leur titularisation par leur intégration. «Nous sommes exploités par des soumissionnaires avec lesquels Algérie Télécom a contracté des conventions. Nous sommes sous-payés, alors que ces sociétés de sécurité reçoivent des millions pour chacun de nous. Qui peut vivre actuellement avec un salaire de 20 000 DA par mois ?» a souligné l'un des protestataires. Portant un éventail de griefs contre l'administration de l'hôpital Bachir Benacer de Biskra, les membres du personnel médical et paramédical, administratif et de gardiennage ont entamé un débrayage illimité pour revendiquer le départ du directeur, accusé de tous les maux. Rassemblés à l'entrée du service des urgences médicochirurgicales (UMC), ils ont dénoncé l'arbitraire, le mépris et les comportements contraires à la déontologie médicale, a-t-on constaté. «Nous sommes soumis à une tyrannie sans nom. Ce directeur refuse tout dialogue et concertation. Les travailleurs supportent depuis des années les décisions arbitraires et les doubles peines qui leur sont infligées en cas de contestation. Dans cet hôpital, il y a une médecine à deux vitesses. L'une pour les gens fortunés et influents et l'autre pour les démunis et les modestes. Plusieurs médecins ont été poussés à quitter cet hôpital à cause des conditions de travail déplorables», a rapporté un médecin. A Lioua, commune phœnicicole située à 45 km au sud de Biskra, des agriculteurs joints par des citoyens ont fermé tous les accès du siège de la mairie pour dénoncer la concession des meilleures terres agricoles à des investisseurs étrangers, accusant les élus d'agir pour leur propre compte et aussi demander des routes, des logements et des infrastructures pour les jeunes. «Le wali doit ouvrir une enquête approfondie sur les modes d'attribution des terres agricoles, identifier les bénéficiaires et authentifier leurs documents. Lioua se meurt dans l'indifférence et la population n'est plus prête à accepter le fait accompli des autorités locales et leur mode de gestion entachés de corruption», a expliqué l'un des manifestants.