Opulents, sourds et muets, la tête enfoncée dans le cou, les yeux à demi-fermés par le mépris, retranchés dans leurs bunkers et protégés par des milliers de gardes du corps, ils envoient les troupes. Assurer les opérations de pacification, envoyant par téléphone des camions entiers mater les rébellions et réprimer tous les mécontentements. Pourquoi dépenser tant d'énergie alors que souvent, comme c'est le cas des émeutes de Zemmouri, il aurait suffi de demander pardon, de présenter des excuses en bonne et due forme, de punir le responsable de la bavure et faire semblant de jurer que ça ne se reproduira plus ? Parce que l'excuse n'est pas dans la mentalité du régime, chez ces gens-là on ne s'excuse jamais, même après avoir tué par erreur, arrêté par mégarde, tabassé par suspicion ou torturé par habitude. On se rappelle de M. Zerhouni jetant de l'huile sur le feu par bidon de 5 litres lors des émeutes du printemps noir de Kabylie, accusant Massinissa Guermah de voyou, là où il aurait dû s'excuser au nom du gendarme qui l'a tué. Pourquoi les gouvernants n'arrivent-ils pas à demander pardon à leur propre peuple alors qu'ils exigent des excuses incessantes à d'autres pays ? Au-delà de cette haine naturelle pour les leurs, on peut demander à M. Temmar par exemple, qui gère l'économie depuis 10 ans sans l'avoir faite avancer d'un dinar, de reconnaître qu'il a fait une erreur. Il ne le fait pas, bien au contraire, il conjugue toutes ses phrases au futur, « nous allons entamer une nouvelle stratégie ». Pourquoi ne reconnaît-il pas qu'il s'est trompé au passé pendant 10 ans en observant son propre bilan ? Parce que, pour lui, ce n'est pas une erreur que de se tromper, il est ministre et de plus, nommé par Celui Qui Ne Se Trompe Jamais. Pour Zemmouri, il aurait suffi d'une excuse, qui n'est jamais arrivée. Eux ne s'excusent pas, nous ne sommes donc pas obligés de leur pardonner.