Les facultés des sciences et de l'ingéniorat de l'université M'hamed Bouguerra de Boumerdès ont été quasi paralysées, hier, suite à un mouvement de protestation enclenché par les étudiants. Ceux-ci restent très remontés contre les forces antiémeute qu'ils accusent d'avoir violé les franchises universitaires en tirant des bombes lacrymogènes, vendredi dernier, en direction de la cité U de Zemmouri, lors de la répression des manifestations qui ont suivi l'enterrement du jeune Hamza. C'est au wali de Boumerdès, Brahim Merad, qu'est revenue la délicate mission de livrer la version « officielle » des faits. Le premier responsable de la wilaya l'a fait devant les élus, lors de la session de l'APW ouverte hier. « Les forces de sécurité avaient reçu des informations faisant état de la présence d'un terroriste à cet endroit. A leur arrivée sur place, les policiers, qui étaient 9, ont aperçu 3 jeunes. Mais dès que ceux-ci les ont vus, l'un d'eux a pris la fuite et un des policiers a tiré en sa direction en l'atteignant d'une seule balle dans la nuque », a-t-il précisé, en présentant ses condoléances à la famille du défunt. L'orateur s'est dit « déçu » par les informations rapportées par certains organes de presse et la tournure prise par les événements. « Je regrette ce qui s'est passé. D'ailleurs, même la famille de la victime s'est démarquée des incidents qui ont suivi le drame. Maintenant, laissons la justice faire son travail », a-t-il encore déclaré. M. Merad a parlé, hier, de « manipulations » en s'exprimant sur le mouvement qui secoue l'université de Boumerdès. Pour rappel, les étudiants sont sortis dans la soirée de vendredi pour crier leur colère dans la rue et joindre leur voix à celle des jeunes de Zemmouri qui manifestaient contre la hogra. Il s'en est suivi des heurts entre eux et les forces antiémeute. Le lendemain, ils ont organisé une marche dans la ville de Boumerdès, qui s'est terminée devant le siège de la wilaya. Dimanche, ils ont initié un mouvement de grève qui a paralysé une bonne partie de l'université hier. Leur revendication : des excuses de la part des autorités. Evoquant les affrontements ayant eu lieu entre les forces antiémeute et les résidents de la cité U des 2000 lits de Zemmouri, le wali estime en substance qu'ils auraient pu être évités. « Mais je pense qu'il y a des manipulations et je trouve anormal de bloquer toute l'université pour des incidents qui se sont produits dans une conjoncture bien particulière », a estimé M. Merad, en appelant les étudiants à faire preuve de sagesse. Hier, les grévistes dénonçaient en outre l'interpellation de deux de leurs camarades, dans la soirée de samedi dernier, par les services de police ; ils ont été libérés après un interrogatoire qui a duré plus de deux heures. Au total, une quarantaine de jeunes ont été interpellés depuis vendredi dernier, dont trois auraient été présentés devant le procureur et placés sous mandat de dépôt. K. O., R. K.