L'opération a fait beaucoup de mécontents qui ne figuraient pas sur la liste des bénéficiaires.Dans une indescriptible confusion et un désordre général, l'opération de relogement des quelque 402 occupants des chalets se trouvant au quartier des Ondines, dans la commune de Bordj El Bahri, s'est déroulée non sans incidents. Le relogement, qui a été amorcé en début de soirée, a donné lieu à de véritables scènes d'hystérie, tant les habitants du site qui ne faisaient pas partie de la liste des bénéficiaires, notamment les plus jeunes, voulaient à tout prix en découdre avec les forces anti-émeutes présentes en force sur les lieux. En effet, le nombre démesuré d'éléments de la brigade anti-émeute, des services de sécurité et ceux de la Gendarmerie nationale donnait l'impression qu'il ne s'agissait nullement d'une opération de relogement, mais d'une action visant à réprimer une manifestation. C'est dans ce climat antagonique chargé d'hostilité qu'une interminable procession de quelque 630 camions réquisitionnés par la direction du transport pour l'événement arrivait à peine à se frayer un passage dans la foule surexcitée. Ainsi, des cris fusaient de partout, augurant une toute autre tournure pour l'opération. Les responsables de la wilaya et ceux de l'OPGI présents sur place essayaient tant bien que mal de calmer les esprits qui ont commencé à s'échauffer, un jeune homme s' en est alors pris à un gendarme en faction en l'attaquant à coups de sabre l'atteignant grièvement à la jambe, il s'ensuivit un violent accrochage entre la foule déchaînée et les éléments de la brigade anti-émeute, qui n'ont pu disperser les frondeurs qu'à coups de matraque. Entre-temps, les camions prenaient le départ, mais sans connaître la destination prévue. « Nous avons chargé le camion en l'espace d'une demi-heure seulement, mais nous n'avons pas été informés de la direction que nous allions prendre », s'indigne un père de famille. Tandis que l'opération battait son plein, les chalets qui font office de bureaux pour l'antenne de l'OPGI sont pris d'assaut par les membres des familles qui n'ont pas bénéficié du relogement. « Si vous vous estimez lésés, vous devez attendre jusqu'au matin pour introduire un recours qui sera pris en charge par les services de la wilaya », expliquait alors un responsable de la wilaya à un groupe d'habitants, que rien ne semblait consoler, « je suis fille de chahid et chargée d'une famille de neuf membres, mais on n'a pas bénéficié d'un logement, je demande que justice soit faite », s'écrie une mère en pleurs. Nonobstant ces défaillances dans l'organisation, et, en tout état de cause, l'opération est perçue d'un autre côté par les familles bénéficiaires comme salvatrice, car la vie au sein de ce cantonnement de fortune est devenue quasi insupportable.