Ce qui est arrivé à ce sexagénaire d'Aït Mellikèche peut paraître insolite. Et pourtant ! Neuf ans après la date supposée des faits, l'on est encore à se poser la question de savoir où est passé le rein droit de Mohand Ouali Aichiou ? En 1998, M. Aichiou se présente chez un médecin spécialiste en chirurgie générale pour être opéré de la prostate. Il n'en revenait pas quand on l'a informé de l'absence de son rein droit. Le compte rendu échographique d'un radiologue confirme le constat et finit par asseoir la consternation : « Rein droit : non retrouvé ». M. Aichiou ne s'encombre pas d'hypothèses : son rein manquant ne peut avoir été enlevé que lors de l'opération chirurgicale qu'il a subie pour l'extraction de calculs (lombotomie), il y a deux ans dans une clinique privée sise à Oued Ghir. « Personne ne m'a rien dit et ne m'a consulté. Il a fallu deux ans pour que je m'aperçoive que je vis avec un seul rein », ne cesse-t-il de se plaindre à ce jour. Que s'est-il passé le 13 janvier 1996 ? Le compte rendu opératoire ne mentionne aucune ablation chirurgicale du rein (néphrectomie) et le responsable de la clinique d'alors, Dr M.M, a fait remarquer que le rein pourrait être non visible de fait du relâchement de ses moyens de fixation (ptose). Une hypothèse qu'une expertise commandée par la justice a écartée en ces termes : « Même si le rein a subi un abaissement (ptose) ou est devenu de petite taille, le scanner aurait décelé des vestiges. » Mais l'expert a souhaité toutefois faire « des investigations plus approfondies telle l'artériographie rénale » avant de noter la difficulté à pratiquer cette technique à titre externe en raison de l'âge avancé de la victime. Conclusions de l'expertise : le patient « présente un seul rein, le rein droit n'ayant pas été retrouvé ni à l'échographie ni au scanner. Une néphrectomie est très probable, mais nous ne pouvons en fixer une date précise. Des conséquences médicales graves sur son état de santé peuvent en résulter car toute affection organique pouvant atteindre le rein restant peut lui causer des difficultés ». Pour le Dr M.M., ces conclusions sont floues et incomplètes et le rapport de cause à effet, entre l'absence du rein et l'opération de janvier 1996, n'a pas été établi. Il s'est demandé pourquoi aucun soupçon n'a été porté sur l'opération de la prostate qu'a subie la victime deux ans plus tard. Portée devant la justice, l'affaire a charrié les rumeurs les plus folles. « On ne greffe jamais un rein malade, ça ne peut pas exister », nous répond le directeur actuel de la clinique qui estime que les investigations menées jusque-là sont incomplètes affirmant au passage qu'aucune décision de justice n'a été notifiée à la clinique. Où est donc passé le rein de M. Aichiou ? « Il est soit atrophié, donc non visible, soit enlevé par une urgence dictée par un accident d'hémorragie, par exemple, qui aurait pu survenir au cours de l'opération et là le seul reproche qu'on pourrait faire est de n'en avoir pas informé le patient », sont les hypothèses de notre interlocuteur, qui nous explique que dans un cas similaire, seul le responsable de l'acte opératoire peut répondre de ses actes. Ni le Dr M. M. ni le Dr Z.Y. n'ont confirmé avoir pratiqué l'opération. Le premier ayant tout simplement soutenu que celle-ci a été effectuée par le second, lequel a démenti à son tour l'avoir fait expliquant que son nom a été porté sur le protocole de l'opération « par erreur ». La victime a eu gain de cause en octobre 2002 lorsque la chambre civile près la cour de Béjaïa a ordonné aux deux chirurgiens précités de verser 900 000 DA (soit près du 1/5 de ce qu'a demandé le plaignant) au titre de dédommagement. Le jugement vient d'être confirmé une nouvelle fois, dernièrement, et l'affaire n'a pas livré pour autant tous ses secrets puisque l'on ne sait toujours pas où est passé le rein de Mohand Ouali Aichiou ? En place ou ailleurs ?