Certes, la bataille juridique n'est pas terminée à Londres mais avec le feu vert du ministère britannique de l'Intérieur à l'extradition de Khalifa Moumen, l'acheminement de l'ex-golden boy vers l'Algérie est quasiment assuré. Ce n'est qu'une affaire de temps. Mais d'ores et déjà la question-clé se pose : son procès se tiendra-t-il, quand et jusqu'où iront les juges ? Tenu à Blida il y a trois années, le premier procès a laissé un goût d'inachevé du fait que seul le scandale du « trou » de la caisse principale d'El Khalifa Bank a été examiné. Les autres dossiers — de taille — sont restés en suspens : Khalifa Airways, les stations de dessalement d'eau de mer, Khalifa Construction et les transferts de devises à l'étranger. Ce procès unique a dégagé une odeur de scandale : des lampistes ont payé, certains par la prison, d'autres par l'exil tandis que les vrais coupables sont passés entre les mailles du filet. Le ministre des Finances de l'époque avait avoué au juge « qu'il n'avait pas été assez intelligent pour agir au moment opportun » tandis que le président du conseil d'administration des caisses sociales avait avoué sa responsabilité directe dans la décision de placement, à El Khalifa Bank, de l'argent des organismes qu'il chapeautait. Choquée par l'issue du procès de Blida et par la non-programmation des autres affaires, l'opinion publique y a vu la main du pouvoir politique. Ce dernier a été soupçonné d'avoir pesé sur les verdicts comme d'avoir fait éviter à nombre de personnalités politiques publiques ayant trempé dans les affaires Khalifa le passage par la justice. Cette suspicion légitime du citoyen à l'égard des décideurs politiques a été confortée par le traitement des scandales spectaculaires qui ont secoué depuis la scène publique, notamment ceux concernant Sonatrach et l'autoroute Est-Ouest. Bien que sur ces dossiers, la justice ne se soit pas encore prononcée sur l'essentiel, les mises en examen et les inculpations n'ont eu lieu que dans les sphères inférieures de la décision. Assisterons-nous à un remake de l'affaire Khalifa ? Et puis, lorsque Moumen Khalifa sera à la barre, verrons-nous une pièce de théâtre déjà jouée ? S'il y a un domaine où la justice n'est pas prête de gagner son indépendance, c'est bien dans le traitement de la corruption. C'est une évidence bien algérienne.