Alors que le procès Khalifa boucle presque sa première semaine, la question de l'extradition de Abdelmoumen Khalifa rebondit, suscitant des déclarations divergentes pour ne pas dire contradictoires. Hier, c'est le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, qui s'est exprimé sur ce sujet, affirmant que l'extradition du magnat algérien, réfugié à Londres depuis 2003, est une affaire de justice qui concerne l'Algérie et la Grande-Bretagne. « Le traité d'extradition, paraphé entre l'Algérie et la Grande-Bretagne, a pris en considération le volet ayant trait à l'extradition de Abdelmoumen Rafik Khalifa. Reste maintenant que son extradition concerne la justice des deux pays », a-t-il indiqué, en marge de la cérémonie d'ouverture officielle de la manifestation « Alger, capitale de la culture arabe 2007 ». Cette déclaration signifie, clairement, que le cas de Abdelmoumen Khalifa est bel et bien intégré dans le traité d'extradition signé entre les deux pays. Ainsi, le principe de l'extradition de Khalifa est d'ores et déjà acquis. Concernant les modalités pratiques, M. Belkhadem a ajouté que « toutes les mesures nécessaires », du côté algérien, ont été prises par rapport à cette affaire. « Il faut attendre maintenant la décision de la justice britannique », a-t-il dit. Selon lui, la balle se trouve dans le camp britannique, et plus précisément, des tribunaux de Sa Majesté qui, selon leur gré, peuvent accélérer ou ralentir l'extradition du golden boy. L'Algérie ne fait qu'attendre un geste concret du Royaume-Uni. Y a-t-il un accroc pour l'exécution de ce traité ? Non, à en croire le chef du gouvernement qui a affirmé qu'il n'y a pas de « blocage » dans l'extradition de Khalifa. Une déclaration rassurante qui contraste avec l'appréhension du président de l'Association algérienne de lutte contre la corruption, Djilali Hadjadj, affirmant jeudi, sur les ondes de la Chaîne II, que Londres n'a pas la volonté d'extrader Abdelmoumen Khalifa. « Nous avons des éléments d'information et d'appréciation qui montrent que le gouvernement britannique n'a pas une réelle volonté politique de coopérer avec l'Algérie pour ce qui est de l'extradition de Abdelmoumen Khalifa », a-t-il dit. De son côté, l'ambassadeur de l'Algérie à Londres, Salah Dembri, a expliqué, sur les ondes de la Chaîne III, le premier jour du procès, que le processus de ratification de l'accord d'extradition signé entre l'Algérie et la Grande-Bretagne n'est pas encore achevé. Le diplomate algérien relèvera, toutefois, que le Conseil des ministres en date du 11 décembre 2006 avait apposé la ratification du chef de l'Etat algérien via le décret présidentiel n°06-464 publié au Journal officiel du 13 décembre 2006. Reste la ratification par la Grande-Bretagne pour pouvoir entamer la procédure d'extradition. « La ratification passe par le Parlement britannique », selon M. Dembri. Ce n'est qu'une fois que la ratification est publiée dans les Journaux officiels des deux pays, que l'Algérie pourra, dans les 30 jours qui suivront, entamer le processus d'extradition. Pour sa part, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, a déclaré, en marge de la signature de la loi de Finances 2007, que l'extradition de Khalifa est « une question de temps ». Il a expliqué, le 18 juillet 2006, que « l'application de la convention d'extradition signée entre l'Algérie et la Grande-Bretagne est une question de temps ». Pour M. Belaïz, il ne reste qu'à « définir les procédures d'extradition » et il s'agit simplement d'un « travail de procédure ». L'Algérie peut se trouver dans une situation d'impatience, car l'extradition de Khalifa doit passer par la ratification du traité par le Parlement britannique, mais aussi, par l'assentiment des tribunaux britanniques. La Grande-Bretagne n'a fait ni l'une ni l'autre et donne l'impression de donner le temps au temps.