Rien n'est encore acquis concernant l'extradition de Abdelmoumène Rafik Khalifa vers l'Algérie même si le juge britannique, Timothy Workman, a rendu le 25 juin dernier sa décision de remettre Abdelmoumène Khalifa aux mains de la justice algérienne. Mais ce verdict n'est pas définitif. « Il ne s'agit pour le moment que d'une décision non exécutoire », a précisé Me Mokrane Aït Larbi. L'Algérie devra donc encore patienter et attendre la confirmation de ce verdict par la Chambre des lords (Haute Cour) de Londres, pour espérer que l'ex-homme d'affaires algérien lui soit livré. Jeudi, en rendant son jugement, le juge londonien, Timothy Workman, s'est dit « convaincu que les assurances diplomatiques données par l'Algérie, quant au respect des droits de M. Khalifa, étaient à la fois fiables et de toute bonne foi ». Pour ce magistrat, Abdelmoumène Khalifa « n'est pas victime d'un règlement politique ». Si sur ce plan, la justice britannique semble avoir eu des garanties de la partie algérienne, il n'en demeure pas moins que la question de l'extradition ou non de l'ex-golden boy algérien n'est pas encore confirmée. Ce qui est certain, c'est que son extradition peut ne pas se concrétiser de sitôt. « Elle peut même prendre beaucoup de temps », selon Me Aït Larbi. Joint hier, ce dernier confirme d'emblée qu' « il s'agit d'une décision de première instance susceptible d'appel ». Selon lui, « Abdelmoumène Khalifa a même la possibilité d'exercer un dernier recours devant la Chambre des lords ». Ce qui est d'ailleurs le cas, puisque l'avocate de Khalifa, Anna Rothwell, a, une fois le verdict prononcé par le premier juge, décidé de faire appel devant la Haute Cour de Londres. Ce n'est donc qu'après le verdict de cette instance juridique qu'on saura si Abdelmoumène Khalifa sera ou non extradé. Le processus pourrait s'étaler sur plusieurs mois, indique notre source. Mais, techniquement, qu'en est-il de la procédure d'extradition ? Me Mokrane Aït Larbi explique qu'après tous les recours prévus par le droit britannique, et après une décision définitive, deux cas peuvent se poser. Selon lui, ou bien la justice britannique autorise le gouvernement à extrader Abdelmoumène Khalifa vers l'Algérie, et dans ce cas, c'est au gouvernement britannique de prendre la décision (la décision d'extradition n'est, en fait, qu'une autorisation). Elle devient alors une affaire diplomatique d'Etat à Etat. Le second cas qui peut se présenter, « c'est lorsque la justice britannique rejette la demande de l'Algérie. Abdelmoumène Khalifa ne sera tout simplement pas extradé ». Notre interlocuteur a pris le soins de préciser qu' « aujourd'hui, rien n'est encore acquis, la procédure risque de prendre des années ». Pour lui, « on doit toujours avoir à l'esprit que le Royaume-Uni est un Etat de droit ». En tout état de cause, si l'extradition de l'ancien milliardaire viendrait à se concrétiser, une fois en Algérie, il aura droit à un deuxième procès. Il devra faire opposition à sa condamnation par contumace, prononcée en mars 2007. Il a été condamné à la réclusion à la perpétuité par le tribunal criminel de Blida qui l'avait accusé de faillite frauduleuse, association de malfaiteurs, vol qualifié, faux et usage de faux… Et à ce jour, Khalifa n'a apporté aucun élément concret prouvant son innocence.