Ahmed Taleb Ibrahim, ancien ministre des Affaires étrangères, a adressé aujourd'hui un message à la jeunesse du Hirak où il a dévoilé ses propositions pour sortir l'Algérie de l'impasse politique actuelle. Dans son message intitulé, « A la jeunesse du Hirak, préserver la dynamique du changement », Taleb Ibrahimi a estimé que « L'institution militaire est connue pour sa discipline et son attachement à éviter toute intervention directe dans les affaires publiques, mais en cette conjoncture spéciale, elle doit écouter les propositions des élites et des sages ». L'armée, a-t-il ajouté, « ne doit pas constituer un soutien à des institutions qui ne bénéficient pas d'un consentement populaire même si elles se trouvent dans un état constitutionnel stable prévu pour les situation normales et non exceptionnelle comme celle que nous traversons actuellement ». Il a expliqué en ce sens que « La légitimité de l'intervention de l'institution militaire ne doit pas constituer une alternative à la légitimité populaire mais elle doit servir de canal pour concrétiser la volonté du peuple, à travers une réponse claire à ses revendications et une lecture consciente et responsable de la réalité politique et des pressions de la conjoncture ». Le chef de la diplomatie du président Chadli a indiqué que « La solution efficace, à mon sens, est de réunir les fondements des articles 7 et 8 de la Constitution en fonction des interprétations disponibles, et ce, en considérant que le soulèvement populaire est un referendum sans ambages, et quelques articles procéduraux qui permettront de transmettre le pouvoir par voie constitutionnelle ». Et de poursuivre : « La sagesse exige de donner la priorité à la légitimité objective sur la légitimité formelle, en se basant sur le droit du peuple à un changement contenu. La constitution est l'œuvre des hommes et elle ne doit pas constituer un obstacle au mouvement de l'avenir ». Il est à signaler que l'article 7 stipule que « le peuple est la source de tout pouvoir ». Quant à l'article 8, il prévoit que « Le pouvoir constituant appartient au peuple (…) ». Cette proposition de Ibrahimi, déjà exprimée par des millions d'Algériens, vient en réponse à la position prônée par le chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaid Salah, qui insiste sur la mise en œuvre de sa feuille de route basée sur l'application de l'article 102 de la Constitution. Par ailleurs, Ahmed Taleb Ibrahimi a justifié son absence dans les marches populaires en écrivant « J'ai atteint un âge avancé qui a supprimé toute ambition en moi. Je n'ai plus la jeunesse qui me donnera la force de prendre part à vos marches … » Il a expliqué son silence lors des débuts de la révolution pacifique en déclarant : « Je n'ai pas adressé une lettre de soutien à la jeunesse lors des premières semaines du Hirak pour éviter toute fausse interprétation qui ferait croire en une exploitation de la situation aux fins de réaliser des gains politiques ou régler des comptes avec l'ex président ( Bouteflika NDLR) ». L'autre raison ayant été à l'origine de son attitude réservée, confie Ibrahimi, est liée à son souci « de l'éloignement de tout ce qui consacre le “zaimisime ( quête permanente du leadership)” et le culte de la personnalité (…) ». Ceci avant d'affirmer que « les jeunes, qui maitrisent les nouvelles technologies, connaissent mieux les méthodes qui conviennent aux exigences du moment et il faut leur donner l'occasion de le prouver ». Pour rappel, Taleb Ibrahimi avait lancé, conjointement avec Ali Yahia Abdenour et le général à la retraite Rachid Benyelles, un appel à l'armée l'invitant à « nouer un dialogue franc et honnête avec des figures représentatives du mouvement populaire ».