Les Editions « El Bahia » viennent de publier un livre « Chronique des années de Presse » du journaliste Benali Si Youcef, à l'occasion de la célébration de la journée internationale de la liberté de la presse. Dans cet ouvrage de 250 pages, l'auteur fait le bilan de vingt années d'existence de la presse algérienne indépendante, avec sa situation, son mode de fonctionnement et ses perspectives. « Installée depuis sa naissance dans un difficile et sensible débat, la presse algérienne mérite aujourd'hui une auscultation profonde, sereine et objective », rappelle-t-il en soulignant que l'on n'évoquera jamais assez les défis et le combat mené au prix de lourds et douloureux sacrifices par les membres d'une profession engagés dans le difficile chantier de construction de la démocratie naissante. Dans cet ouvrage, Si Youcef revient sur l'histoire de la presse coloniale, la presse publique après l'indépendance et met le cap sur les changements intervenus après Octobre 88. En réalité, c'est la presse privée qui va occuper le reste des chapitres consacrés, entre autres, à la libéralisation contrôlée, aux enjeux de la réforme, aux clivages médiatiques, etc. Dans un chapitre intitulé la « Remise au pas » de la presse privée, on peut lire, au milieu de l'ouvrage : « Après une décennie d'existence de la presse privée, l'argument commercial, consistant à arrêter le tirage des journaux endettés auprès des imprimeries, était devenu plus difficile à inscrire au seul registre des armes de chantage et de pression aux mains du pouvoir. Il sera néanmoins utilisé à l'encontre de journaux de la coalition anti-présidentielle. » En conclusion, l'auteur déplore que, dans un contexte marqué par un système judiciaire sous contrôle, d'un secteur économique soumis aux pesanteurs d'une administration aux ordres du politique, un syndicat officiel au service des gouvernants, un espace électoral fallacieux, boudé et déserté par le citoyen électeur, un multipartisme travesti par un très faible ancrage populaire des partis et une vie parlementaire de façade sans âme et sans portée, excluant le véritable débat sur les options stratégiques, la presse privée algérienne ne pouvait que « surfer » difficilement entre les mirages démocratiques et la réalité du terrain social soumis aux fortes pressions des lobbies politiques, économiques, idéologiques.