Bamako se déclare favorable à la recommandation du groupe de réflexion International Crisis Group (ICG), qui a encouragé, dans un rapport publié au début de cette semaine, les autorités maliennes à engager des échanges avec les djihadistes et leurs partisans dans le but de mettre fin aux attaques terroristes dans le centre du Mali. «Nous sommes d'accord sur le principe et nous y travaillons déjà», a déclaré le ministre malien de l'Administration territoriale, Boubacar Alpha Ba, dans une interview accordée à Radio France internationale (RFI) dans laquelle il a réagi sur la question. «On a des expériences dans la région du Centre, où les représentants des chefferies locales ont eu langue avec certains membres de ces groupes, donc le dialogue existe. Maintenant, comment le formaliser ? Quelle pédagogie faut-il pour qu'il y ait un dialogue véritable entre eux et nous», a poursuivi le responsable malien. Selon ICG, ce rapprochement pourrait permettre de trouver des terrains d'entente avec, par exemple, les chefs de la Katiba du Macina, du prédicateur radical peul Amadou Koufa. Le groupe de réflexion a expliqué que les précédents échanges organisés par la société civile et des religieux avec ces groupes djihadistes se sont révélés fructueux. Ils «ont révélé un certain degré de pragmatisme», indique son rapport. Aussi IGC suggère-t-il de «mandater des chefs religieux» pour initier le contact avec ces groupes de radicaux, tout en recherchant «un dialogue plus large avec les Maliens du Centre, y compris ceux favorables à la rébellion». ICG estime toutefois que cette tentative de dialogue ne doit pas arrêter les initiatives prises par le gouvernement pour stopper les terroristes. Le dialogue constitue «un changement de cap», combinant pression militaire, dialogue et désarmement pour amener les chefs de la Katiba du Macina à la table des négociations, note ICG dans son rapport. Afin de réduire les oppositions à leur initiative, dont le succès n'est en rien garanti, les auteurs du rapport ont posé aussi comme condition à tout accord avec ce groupe, sa renonciation à ses connexions avec des organisations terroristes transnationales, comme Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi). Amadou Koufa a, rappelle-t-on, rejoint dès sa création en mars 2017 le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans, principale alliance terroriste du Sahel liée à Al Qaîda, dirigée par Iyad Ag Ghaly. Depuis l'apparition du groupe de Koufa, ces violences ont culminé le 23 mars avec le massacre à Ogossagou, près de la frontière burkinabè, de quelque 160 villageois peuls par des membres présumés de groupes de chasseurs dogons. La Mission de l'ONU au Mali (Minusma) a annoncé le 16 mai avoir recensé «au moins 488 morts» depuis janvier 2018 dans des attaques de «chasseurs traditionnels contre des membres civils de la population peule» dans les régions de Mopti et Ségou (centre). Dans le même temps, les groupes armés peuls ont «causé 63 morts» parmi les civils de la région de Mopti, selon la Minusma. La conférence d'entente nationale organisée en 2017 au Mali avait notamment appelé à l'ouverture de négociations avec le chef radical touareg malien Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa. Mais cette résolution avait été rejetée par les gouvernements malien et français.