Deux voitures piégées garées dans le parking d'une usine de textile ont explosé à la sortie d'usine des employés. L'Irak a connu, hier, sa journée la plus sanglante depuis le début de l'année avec la mort d'au moins 68 personnes, alors que 250 ont été blessées dans des attentats contre des ouvriers d'une usine et les forces de sécurité. Ces violences surviennent alors que le pays est toujours sans nouveau gouvernement plus de deux mois après les élections législatives du 7 mars, et trois semaines après la mort des deux principaux chefs de la branche irakienne d'Al Qaîda tués dans une opération conjointe irako-américaine. Les attentats les plus sanglants ont frappé Hilla, à 95 km au sud de Baghdad. Deux voitures piégées garées dans le parking d'une usine de textile ont explosé à la sortie d'usine des employés. Quand les policiers et les ambulanciers sont arrivés sur les lieux, un kamikaze s'est lancé sur la foule et les secouristes, dans une tactique utilisée fréquemment pour faire le plus de victimes possible. Au moins 36 personnes ont été tuées et 140 blessées dans cette triple attaque, a indiqué un responsable au ministère de l'Intérieur à Baghdad. « Nous avons reçu des informations sur la présence de voitures piégées à Hilla et sommes partis à leur recherche. Nous avons entendu des explosions », a affirmé un officier de police de la ville, sous couvert de l'anonymat. « Nous nous sommes rendus à l'usine et avons vu beaucoup de dégâts, des corps et des personnes ensanglantées », a-t-il ajouté. Quelques heures plus tôt, une bombe a explosé près d'une mosquée chiite dans la ville de Souwayra, à 60 km au sud de Baghdad. Des passants ont accouru pour secourir les premières victimes quand une voiture piégée a explosé sur les lieux. Onze personnes ont été tuées et 70 blessées, selon une source policière. À Baghdad, des tirs et des attentats à la bombe ont visé pendant une heure et demie le matin des points de contrôle militaires, faisant neuf morts et 24 blessés, en majorité des membres des forces de sécurité, a indiqué le ministère de l'Intérieur. « Il s'agit d'opérations coordonnées qui font partie des actions terroristes auxquelles doivent faire face quotidiennement les forces de sécurité », a dit le porte-parole du commandement militaire de Baghdad, Qassem Atta, en commentant les attaques à Baghdad. Selon lui, les assaillants étaient déguisés en ouvriers municipaux de la voirie. Plus de 11 500 policiers et militaires ont été tués depuis l'invasion de l'Irak conduite par les Etats-Unis en 2003. Parmi les autres victimes de cette journée sanglante, figurent un civil et trois gardes du corps du maire de la ville de Tarmiya (45 km au nord de Baghdad), Mohammed Jassem al Mashhadani, dont le convoi a été visé par une bombe. Le maire a été blessé dans l'attaque avec 15 autres personnes. À Fallouja, un ancien bastion d'Al Qaîda à l'ouest de Baghdad, quatre personnes, dont deux policiers, ont été tuées dans des attentats contre des maisons des membres des forces de sécurité. A Iskandariya, à 50 km au sud de Baghdad, deux personnes ont été tuées par l'explosion d'une bombe dans un magasin de primeurs et deux combattants kurdes ont péri dans un attentat suicide à la voiture piégée près de Mossoul, à 350 km au nord de Baghdad. Il s'agit des attaques les plus sanglantes en Irak depuis le 8 décembre quand au moins 127 personnes ont été tuées dans cinq attentats à Baghdad. Ces violences ont lieu alors que le gouvernement du Premier ministre sortant, Nouri al Maliki, continue d'expédier les affaires courantes, le résultat des législatives n'ayant pas encore été validé par la Cour suprême, et les partis, dont aucun ne dispose de la majorité absolue, n'ayant pas réussi jusqu'à présent à s'entendre sur un nouveau cabinet. En avril, les autorités irakiennes et américaines avaient infligé un coup dur à Al Qaîda en Irak après la mort des principaux chefs du groupe Abou Omar al Bagdadi et Abou Ayyoub al Masri.