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Clarifications sur certains aspects du Printemps berbère
Publié dans El Watan le 13 - 05 - 2010

Récemment, dans un quotidien national, El Hadi Khediri, ancien directeur général de la sûreté nationale, et Hamimi Naït Abdelaziz, ancien directeur de la sûreté de wilaya de Tizi Ouzou ont été invités à répondre à quelques questions relatives à certains aspects du Printemps berbère.
En poste en 1980, ils sont très bien placés pour s'exprimer, chacun à son niveau, sur le Printemps berbère. Cité dans ces entretiens, je voudrais, non pas faire une mise au point car cette expression est inappropriée lorsqu'il s'agit de revenir sur des événements qui remontent à 30 ans et qui exigent plutôt, chaque fois que cela s'avère nécessaire, un travail de clarification en mesure de situer le rôle des uns et des autres avec, autant que possible, le souci de ne point tergiverser avec la vérité. Pour ma part, je suis profondément convaincu qu'au crépuscule de la vie d'un responsable, aucune considération ne nous permet de travestir la vérité, sauf si on est victime des lacunes de sa mémoire. C'est dans cet esprit que j'ai eu à m'exprimer sur le Printemps berbère chaque fois que l'occasion m'en a été donnée, il n'y en a pas eu beaucoup.
Depuis 30 ans, seul Ahmed Fatani, directeur du journal L'Expression m'a ouvert les colonnes de son journal, en 2005, pour avoir le témoignage d'un officiel directement concerné par le Printemps berbère. Il y a trois ans, deux étudiants de l'université de Tizi Ouzou, Belhimer Ouidir et Djelal Rezak, se sont longuement entretenus avec moi au moment où ils préparaient leur mémoire de licence sur le Printemps berbère. Récemment, à l'occasion du 30e anniversaire de cet événement, le journaliste Arezki Aït Larbi à pris l'heureuse initiative de rassembler dans un même ouvrage les témoignages aussi bien de ceux qu'il a appelé les insurgés que de quelques « officiels ». La parution, il y a trois semaines, de ce livre qui peut constituer un document de référence pour tous ceux qui cherchaient à avoir le plus d'informations possibles sur un événement majeur, véritable tournant décisif dans la vie politique de l'Algérie, a déjà suscité et suscitera certainement beaucoup de réactions.
L'une de ces réactions est celle de Hamimi Naït Abdelaziz, chef de sûreté de wilaya de Tizi Ouzou, qui a été l'un des principaux responsables grâce auxquels l'irréparable a pu être évité. Il avait assumé sa difficile mission avec l'abnégation, la compétence et l'intelligence qu'exigeait, pour le responsable de ce niveau, une situation à laquelle le pays a été confronté pour la première fois depuis 1962. Aussi, n'est-il pas étonnant de le voir réagir « avec ses tripes » lorsqu'il découvre le rôle qui lui a été réservé dans l'une des contributions des officiels.
S'agissant de l'interdiction de la conférence de Mouloud Mameri, qui constitue l'un des principaux sujets de l'entretien, effectivement, Hamimi Naït Abdelaziz pensait que la décision avait été prise par les responsables locaux (bureau de coordination). Comme il avait attiré immédiatement l'attention de son supérieur hiérarchique sur les risques que cette décision pouvait engendrer, il continuera à s'investir avec la même compétence pendant les quatre années qui suivirent.
La deuxième réaction, relevée dans l'entretien d'El Watan, est celle de El Hadi Khediri, directeur général de la sûreté nationale qui a pourtant apporté son témoignage dans le livre Le 20 avril 1980. Visiblement dans l'entretien avec la journaliste, il voulait « rectifier le tir » sur certains aspects du Printemps berbère, notamment sur l'interdiction de la conférence de Mouloud Mameri. Alors que dans le livre, il affirmait que « l'interdiction était télécommandée d'Alger », dans l'entretien, il situe de façon plus précise les auteurs de la décision, il s'agit des autorités locales, notamment du « wali Hamid Sidi Saïd, qui n'avait donné aucune explication sur cette décision qui n'avait pas lieu d'être ». Dans une contribution assez longue dans l'ouvrage Avril 80, j'ai relaté de façon précise les conditions dans lesquelles était intervenue l'interdiction de la conférence de Mouloud Mameri.
J'ai rappelé notamment que la raison de l'interdiction n'était ni la personnalité du conférencier ni le thème de sa conférence, mais l'information donnée au mouhafedh par les étudiants membres de l'UNJA, qui avaient affirmé que la conférence prévue pour le 10 mars 1980 serait suivie d'une marche sur la ville de Tizi Ouzou. Quand j'écris que le bureau de coordination avait soumis le problème à la direction centrale du parti, ce n'était nullement pour fuir nos responsabilités ou, comme l'ont insinué certains, pour porter atteinte au FLN dont j'étais militant dès mon plus jeune âge et plusieurs fois responsable dans ses rangs. C'était tout simplement par souci de vérité, c'est seulement pour la troisième fois que je le fais depuis cinq ans, alors que depuis 1980, tout ce qui a été écrit sur ce sujet rappelle que c'est le mouhafedh et le wali, plus souvent le wali, qui avaient interdit la conférence.
Cela se comprend aisément, lorsque l'on sait que c'est le mouhafed qui avait chargé le recteur d'informer M. Mameri de l'annulation de sa conférence et que c'est le wali qui lui a notifié la décision. Pendant plus de 25 ans, ni le mouhafedh ni moi-même n'avons tenté de démentir cela. Que les citoyens, les militants du Mouvement culturel berbère, les universitaires et autres observateurs s'en tiennent à la responsabilité des autorités locales est compréhensible.
Ce qui l'est moins, c'est que 30 ans après, un haut responsable bien au fait des réalités a, pour des considérations qui m'échappent, rejeté sur les autorités locales l'interdiction de la conférence de M. Mameri et la responsabilité d'une situation qui avait failli entraîner le pays dans une aventure sans précédent. Emanant d'un responsable comme El Hadi Khediri, cette sentence sans appel suscite bien des interrogations. Mais cela ne me fait pas oublier le rôle qu'il avait joué non seulement en avril 1980 mais aussi pendant toutes les années de 1980 à 1984 au cours desquelles, il fallait gérer les répliques parfois violentes de ce que Abdelhak Brerehi a qualifié de séisme. Pendant toute cette période particulièrement sensible, il était l'un des rares responsables centraux avec Abdelhak Brerehi et Mohamed Cherif Messaâdia à prendre en charge avec les responsables de la wilaya de nombreuses et délicates situations.
Je dois ajouter enfin qu'au lendemain du « séisme », alors que de hauts responsables demandaient la tête du wali et du mouhafedh, M. Khediri était, avec d'autres responsables, notamment Mohand Salah Yahiaoui parmi ceux qui avaient l'honnêteté de s'opposer à cette demande, car ils savaient quelle était la responsabilité réelle des autorités locales. Le président Chadli Bendjedid, dont la précieuse confiance m'honore, avait refusé de faire du wali et du mouhafedh des boucs émissaires. C'est pour tout cela que ne peut être émoussée un tant soit peu l'amicale considération que je nourris à l'égard d'El Hadi Khediri par le jugement qu'il vient de porter et qui semble être dicté par des raisons qu'il est le seul à connaître.
J'espère avoir apporté quelques éclaircissements sur un des nombreux aspects du Printemps berbère. Trente ans après l'avènement de ce printemps plein de promesses, il est impératif d'en parler avec sérénité et lucidité sans nier aucune responsabilité. Pour mesurer toute l'ampleur de l'événement, tournant décisif dans l'histoire récente de l'Algérie, il faudrait dépasser la tendance à vouloir tout ramener à deux questions :
Qui a interdit la conférence de M. Mameri ?
Qui a donné l'ordre d'évacuer l'université ? Pour ma part, comme je l'ai souligné dans le livre d'Arezki Aït Larbi, je témoignerai toujours comme le représentant de l'Etat dont la responsabilité était totalement engagée, même quand des décisions qui avaient déclenché ou précipité les événements avaient été prises à d'autres niveaux. C'est la mission et le devoir du wali de la République.
H. S. S. : Ancien wali de Tizi Ouzou


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