Après avoir fait l'impasse, au mois d'avril dernier, sur la conférence de Washington sur la sécurité nucléaire, le président Bouteflika a décidé de se rendre en Iran pour participer au 14e sommet des chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres du Groupe des 15 (G15) dont les travaux se tiendront demain à Téhéran. Dans un communiqué rendu public hier, la présidence de la République précise que « ce sommet sera consacré à un échange de vues sur les mesures à prendre par les Etats membres pour faire face aux effets pervers des crises actuelles, pour le renforcement de la coopération économique et commerciale entre eux et la promotion de la coopération Sud-Sud ». C'est au mois d'avril dernier que le chef de l'Etat a été officiellement invité par les autorités iraniennes pour participer à ce sommet, auquel assisteront pour la première fois la Syrie et le Qatar, deux pays qui ne font pas partie du G15. L'invitation lui avait été remise il y a un mois par le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, lors de sa visite officielle de deux jours à Alger. Dans une déclaration à la presse faite à l'aéroport international Houari Boumediène, M. Mottaki avait notamment indiqué que « l'Algérie est un des pays importants du G15 qui a décidé de mettre en place des programmes pour renforcer la coopération entre eux ». En faisant une telle déclaration, Manouchehr Mottaki n'avait certainement pas voulu faire dans la démagogie. Depuis son arrivée au pouvoir, Abdelaziz Bouteflika – qui a été nourri pendant longtemps à la mamelle du mouvement du tiers-mondisme, lorsqu'il était notamment ministre des Affaires étrangères durant l'ère Boumediène – a, en effet, non seulement déployé beaucoup d'efforts pour réactiver ses réseaux avec de nombreux leaders africains, latino-américains et asiatiques, mais s'est aussi considérablement investi pour redonner un sens à la coopération Sud-Sud. C'est également lui qui a pesé de tout son poids pour permettre un retour à la normale des relations algéro-iraniennes. Relations qui, rappelle-t-on, ont été interrompues après qu'il ait été établi, dans les années 1990, que Téhéran encourageait en sous-main l'ex-FIS. En investissant dans la coopération Sud-Sud, le chef de l'Etat n'a toutefois pas négligé les relations de l'Algérie avec les grandes capitales occidentales. Sans nul doute, Téhéran cherchera donc à mettre à profit cette réunion du G15 pour demander un soutien franc à ses 18 pays membres – et à l'Algérie en particulier (un pays que tous les observateurs présentent comme étant un médiateur dans le dossier du nucléaire iranien) – pour tenter de renverser la vapeur à son profit dans le bras de fer qui l'oppose à l'Occident concernant justement l'avenir de son programme nucléaire. Et tout le monde s'accorde à dire qu'aujourd'hui, le temps presse pour l'Iran. Les puissances occidentales, qui soupçonnent Téhéran de vouloir se doter de l'arme atomique sous couvert de son programme civil, menacent en effet de lui imposer de nouvelles sanctions si aucun progrès n'est enregistré dans le règlement de ce dossier dans les tout prochains jours. A préciser que l'Algérie a été élue vice-présidente de la 8e session de la conférence d'examen du Traité de non-prolifération des armes nucléaires qui vient de s'achever a New York.