Plus de 20 familles de la Carrière Larbi Ben M'hidi, dans la commune de Hammmet (ex-Baïnem) vivent dans un dénuement quasi-total sur une colline qui cache soigneusement leur misère. Les taudis qu'ils occupent sont tellement dissimulés qu'il est difficile de se rendre compte de leur existence. Les habitants, a-t-on constaté, sont privés de toutes les commodités, même les plus élémentaires. Pourtant, ce site, l'un des plus convoités de la place d'Alger, accueille actuellement de grands projets de logements et est voué à devenir un centre urbain d'avenir. Les premiers occupants des lieux y ont débarqué en 1958, alors que les nouveaux venus y survivent depuis plus de 12 ans. Les uns et les autres moisissent dans des gourbis humides que seule une petite ruelle sépare des nouveaux immeubles LSP, presque achevés, qui attendent preneurs. La plupart des habitants de la Carrière n'ont pas déposé de dossiers de logement. « Nous ne pouvons pas formuler de demandes de relogement faute de documents administratifs », raconte un citoyen. Il explique que malgré les dix années passées dans ce site, il ne dispose d'aucun document attestant de sa résidence, même pas les factures d'eau ou d'électricité. Suite au refus de Sonelgaz d'installer des compteurs électriques, ce qui aurait été synonyme d'officialisation de leurs résidences, les habitants ont effectué des branchements chez les voisins. Pour l'AEP, les résidants de la Carrière Larbi Ben M'hidi consomment une eau dont la qualité est souvent douteuse, achetée 600 à 800 DA la citerne. « C'est selon les saisons », dira notre interlocuteur. Malgré les désagréments causés par l'indisponibilité d'eau et d'électricité, les citoyens parviennent à gérer, tant bien que mal, cette situation. Mais ce qui transforme leur vie en cauchemar, c'est l'insalubrité des lieux, due principalement à l'absence de réseaux d'assainissement. Pour l'évacuation des eaux usées, les habitants ont recours aux fosses septiques, dont certaines sont entrouvertes et dégagent des odeurs insupportables. Un étranger à cette cité ne supportera jamais les émanations fétides se dégageant des lieux ; quant aux résidants, eux, ils ne s'en aperçoivent même pas. « Nous sommes habitués », dira un jeune habitant, ajoutant : « Les odeurs ne nous dérangent pas, ce qui nous inquiète, ce sont les conséquences de l'insalubrité sur la santé, surtout celle des petits enfants. » Selon un père de famille, la plupart des enfants de ce bourg souffrent d'allergies. Une situation aggravée par l'absence par de ramassage des ordures, se plaignent-ils. A cela s'ajoutent les décharges anarchiques créées par des camions qui viennent, la nuit, déverser leurs ordures et prendre la fuite. Hormis la vue sur la mer et le privilège d'assister à des couchers de soleil pittoresques, les habitants souffrent le martyre dans ces taudis misérables situés sur un site censé être touristique. Nos interlocuteurs indiquent qu'aucun responsable ne s'est rendu dans cette cité et aucune promesse de relogement ne leur a été faite. « Pourtant, le wali d'Alger était clair en déclarant que seuls les nouveaux arrivants seront exclus des programmes de logements sociaux », fait remarquer, un habitant.