Aucune banque publique algérienne n'est en mesure de soutenir les opérateurs qui désirent acquérir et installer des équipements solaires pour leurs investissements et développer leurs produits agricoles ou industriels. Les chercheurs algériens qui rejoignent l'Unité de développement des équipements solaires (UDES) de Bou Ismaïl (Tipasa) sont titulaires d'un doctorat. Le législateur algérien n'a «pondu» aucun texte à ce sujet. L'efficacité de l'UDES n'est plus à démontrer, pourtant ce centre de recherche demeure à ce jour en quête de soutien. L'ex-wali de Tipasa, Hadj Mohamed Ouchen, à présent gravement malade, avait quand même réussi à réhabiliter la wilaya de Tipasa durant son règne, en engageant plusieurs projets d'équipements publics dans diverses communes, et avait même inscrit 20 logements au profit des chercheurs de l'UDES. En 2019, l'effectif de ces cderniers a été multiplié par quatre. Les commodités pour de nombreux chercheurs ne sont pas encore disponibles. Plusieurs chercheurs demeurent sans logement. Les walis de Tipasa qui se sont succédé à la tête de l'exécutif local avaient signé des arrêtés d'attribution de foncier, agricole et des logements promotionnels (les exemples sont nombreux) au profit de la progéniture de généraux-majors, de généraux, de Premiers ministres, de ministres et enfin des opérateurs de la nomenklatura, sans tenir compte de la réglementation. Ces fonctionnaires locaux, désignés par les hauts responsables de l'Etat, se contentaient de faire des fausses promesses aux chercheurs de l'UDES de Bou Ismaïl, avant de quitter la «principauté». Ainsi, ces scientifiques et chercheurs, déçus par les mensonges des walis respectifs, attendent que l'affectation des logements se concrétise. Les perspectives des laboratoires du centre de Bou Ismaïl sont nombreuses. L'impact de l'énergie solaire dans le développement économique et social de la wilaya de Tipasa est incontestable, notamment dans les secteurs de l'agriculture, des ressources en eau, de la protection de la mer, de l'énergie. L'UDES s'attelle à s'impliquer dans l'épanouissement de la localité côtière de Bou Ismaïl, une commune pourvue d'une zone industrielle et d'un foncier à haut rendement agricole. Le déficit cruel en eau potable empoisonne le quotidien des administrés de l'ex-Castiglione. A cet effet, l'UDES a lancé un projet sur le dessalement de l'eau de mer. En raison des rejets importants d'eaux usées produites par les entreprises installées en amont de la ville de Bou-Ismaïl, l'UDES a développé un projet sur ces points noirs, afin que ces eaux soient traitées et réutilisées à d'autres fins par les industriels. Autant de recherches qui convergent vers la préservation de l'environnement de toutes les formes de pollution. «Nous avons validé un projet qui fonctionne merveilleusement avec Tonic Industries, nous déclare M. Bouzidi, le directeur de l'UDES. Ce projet nous a permis de décrocher le premier prix international décerné à nos chercheurs qui avaient représenté l'Algérie. Cette haute distinction scientifique internationale vient d'être décernée par une institution autrichienne, l'Energy Globe Awward, pour l'année 2019. C'est une fierté pour notre pays, d'abord, et ensuite pour notre centre de recherche», ajoute fièrement notre interlocuteur. Ce produit, primé par l'institution autrichienne, est le résultat de la récupération de la pâte à papier en fin de recyclage obtenue chez Tonic Industries de Bou Ismaïl, peut être utilisé dans la construction bio-climatique. Les chercheurs, après des mois de travaux dans leurs laboratoires, avaient réussi à obtenir un isolant en mesure d'être utilisé dans le secteur de la construction, à partir de cette pâte à papier en fin de cycle. «Malheureusement, il n'y a pas eu l'effet que nous avions souhaité avec notre partenaire du secteur public, Tonic Industries», explique le directeur de l'UDES. L'agriculture fait partie des autres secteurs qui continuent à mobiliser les chercheurs de l'UDES. Les résultats des chercheurs avaient abouti à la création d'équipements solaires en séchage des produits agricoles, des équipements solaires pour le traitement et l'épuration des eaux usées et le dessalement de l'eau de mer, des équipements producteurs d'électricitié, l'irrigation des terres agricoles, les équipements producteurs d'énergie électrique dans les maisons. L'UDES est en mesure de fournir cette panoplie de matériels solaires au profit de la commune de Bou Ismaïl dans un premier temps. «Certes, l'Etat prend en charge les projets de recherche si le partenaire affiche sa disponibilité et sollicite l'UDES ; d'ailleurs nos projets de recherche en partenariat avec les entreprises algériennes sont ciblés, néanmoins le volet financier demeure à ce jour le principal frein en raison du comportement des institutions financières nationales, qui s'obstinent toujours dans leur refus et leur manque de volonté dans l'acompagnement de nos chercheurs et de nos partenaires», nous indique le directeur Bouzidi. L'absurdité est dénoncée par les spécialistes. Celui qui installe l'équipement solaire pour qu'il soit utilisé devra payer les impôts, sachant que l'électricité produite par ces équipements de l'UDES permet à notre pays de faire des économies en devises en ces temps de crise économique. Aujourd'hui, l'Algérie subventionne le carburant et l'électricité utilisés par le fellah. «Nous proposons à ce que ce soutien de l'Etat soit orienté vers le développement de l'énergie solaire, à l'instar des pays voisins», abonde M. Bouzidi. L'investissement dans l'énergie solaire est rentable à moyen terme, bien qu'il soit lourd au départ. L'absence d'un texte réglementaire favorisant la mise en place d'un mécanisme visant à encourager le fellah qui projette d'installer les équipements solaires dans son exploitation, décourage toute initiative d'acquisition. Ce qui explique le pessimisme des chercheurs et des opérateurs. Nombreux sont les projets qui pourront voir le jour à travers tout le pays grâce non seulement à l'énergie solaire, mais aussi à la biomasse et à l'énergie éolienne, du moment que l'Algérie est pourvue d'un des rayonnements solaires les plus importants dans le monde entier. Sonatrach a signé un partenariat avec l'UDES de Bou Ismaïl en vue de développer des prototypes spécialisés dans la récupération des eaux usées au niveau de certains sites (bases vie, forages) dans la wilaya de Ouargla. L'autre projet initié avec le partenaire Anabib, consiste en la construction d'un pivot d'irrigation qui fonctionne à l'énergie solaire. Mise en valeur des terres au sud du pays Le premier responsable de l'UDES évoque aussi la serre intelligente dotée d'un système d'irrigation automatisé, commandé à distance en exploitant les dernières technologies. «Nous allons pousser nos recherches jusqu'à pouvoir irriguer les vergers avec les eaux des rejets après leur traitement afin d'économiser le précieux liquide, nous dira M. Bouzidi, car certains pays dans le monde utilisent ce système qui a prouvé son efficacité, cela évitera à notre pays d'irriguer les exploitations agricoles avec l'eau des nappes ou de l'eau produite par la SDEM». Bou Ismaïl est en mesure de bénéficier des résultats des recherches de l'UDES si la volonté politique existe. Mais pourquoi a-t-on donné le qualificatif de wilaya verte à Tipasa ?
