Les préalables à l'ouverture du dialogue exigés par les manifestants, lors de la marche du 23e vendredi mais aussi par plusieurs personnalités nationales, ont suscité une réaction hostile de la part du chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah. S'exprimant, aujourd'hui mardi, au siège du ministère de la défense nationale, il a réitéré son attachement à la tenue de l'élection présidentielle « dans les plus brefs délais ». « Il n'est plus question de perdre davantage de temps, car les élections constituent le point essentiel autour duquel doit s'axer le dialogue ; un dialogue que nous saluons et espérons qu'il sera couronné de succès et de réussite, loin de la méthode imposant des préalables allant jusqu'aux diktats. De telles méthodes et thèses sont catégoriquement rejetées (…) », a déclaré Gaïd Salah devant les hauts responsables de l'armée, lors d'une cérémonie organisée en l'honneur des meilleurs lauréats des cadets de la Nation. Il a dit à propos des manifestants placés sous mandat de dépôt pour avoir porté le drapeau amazigh que « seule la justice est souveraine de la décision, conformément à la loi, concernant ces individus qui se sont pris aux symboles et aux institutions de l'Etat et ont porté outrage à l'emblème national. Il n'est permis à quiconque d'interférer dans son travail et ses prérogatives ou tenter d'influer sur ses décisions. Au sein de l'Armée Nationale Populaire, nous l'encourageons et nous l'appelons à poursuivre sa démarche patriotique dévouée avec la même détermination et la même résolution (…) ». Au sujet de la levée des restrictions et la cessation de la répression que subissent des manifestants, le chef de l'armée répondra : « Il est inconcevable de remettre en cause les intentions et les efforts des services de sécurité et il est totalement contraire à l'éthique de déformer les réalités et fabriquer des mensonges, dans le but de donner un souffle nouveau aux personnes malintentionnées qui s'attèlent à attiser la situation et faire perdurer la crise ». Il a déclaré aussi, selon le discours diffusé sur le site du MDN, que « les institutions de l'Etat sont une ligne rouge qui n'admet ni tractation, ni préalables ou encore des diktats illégaux, de quelque partie que ce soit et continueront à accomplir leurs missions, jusqu'à l'élection du nouveau président de la République, qui jouira de toutes les prérogatives pour entamer les réformes nécessaires ». Gaïd Salah a exprimé son soutien au panel de dialogue présidé par Karim Younes en déclarant : « Nous valorisons, au sein de l'Armée Nationale Populaire, les étapes franchies sur la voie du dialogue national, notamment après l'audience accordée par Monsieur le Chef de l'Etat à un groupe de personnalités nationales, qui se chargera de la conduite de ce dialogue, s'engageant à mettre à disposition les moyens nécessaires pour l'accompagner dans cette noble démarche et réunir les conditions idoines pour la tenue des présidentielles dans les plus brefs délais ». Il est rappeler que les préalables à l'ouverture du dialogue exprimés par les manifestants ainsi que par plusieurs personnalités et acteurs politiques portent, notamment, sur la libération des détenus d'opinion, la cessation des actes de répression contre les manifestants, l'ouverture des champs politique et médiatique et le départ des symboles du régime en place.