Je suis à l'hôpital depuis 21 jours. J'ai fait tous les bilans nécessaires pour subir mon intervention chirurgicale mais je ne suis pas programmée. Je reste à jeun tous les matins dans l'espoir d'être conduite au bloc mais hélas », raconte une patiente originaire de Tizi Ouzou, hospitalisée au service de chirurgie générale à l'hôpital de Beni Messous, et ce depuis le 3 mai dernier. Ses parents s'inquiètent pour son état de santé et tentent de frapper à toutes les portes afin qu'elle soit enfin opérée. Souffrant d'un goitre plongeant nécessitant une intervention chirurgicale en urgence, la patiente a subi tous les examens nécessaires avec l'accord du médecin anesthésiste pour une intervention chirurgicale. « Des patientes sont rentrées après moi et elles sont vite prises en charge et sont rentrées chez elles », ajoute-t-elle les larmes aux yeux. « Qu'attendent-ils pour m'opérer. Faites quelque chose pour moi », s'est-elle adressée à nous, croyant sans doute que nous sommes de l'administration de l'hôpital. De l'autre côté du service, dans le couloir d'en face, un homme souffrant d'un cancer de l'œsophage attend lui aussi avec impatience sa programmation pour l'ablation de l'œsophage. Allongé sur son lit, sous perfusion, le patient a du mal à terminer une phrase. « Je ne peux plus avaler quoi que ce soit. Je suis ici à l'hôpital depuis 20 jours et j'attends d'être opéré et on ne m'a rien fait. Je veux être soulagé de mes souffrances pour que je puisse enfin manger quelque chose. Tous les jours, on me dit ce n'est pas aujourd'hui, on attend ma mort alors », s'interroge-t-il. « Des patients sont opérés le jour même de leur admission. Je vous cite l'exemple de celui qui partageait la chambre avec moi. Regardez son lit, il est vide ». Un autre patient, debout, plutôt en forme, ne comprend pas pourquoi une telle discrimination est opérée entre les malades, mais il tente de se consoler en lâchant : « C'est le piston. » Plusieurs autres patients se trouvent dans la même situation mais les responsables du service ne semblent pas être inquiétés. Le médecin traitant de ces malades ne nie pas l'état des faits mais il estime qu'il n'a aucune responsabilité puisque c'est le chef de service qui décide des programmations. « Nous avons préparé les malades et avons fait tout le nécessaire pour les interventions chirurgicales et nous attendons leur programmation par le chef de service. A la longue, le malade ne nous croit plus et donc le rapport confiance est rompu », nous répond-il avant de préciser qu'il a lui-même saisi la direction de l'hôpital jeudi dernier. Dans une lettre adressée au directeur général de l'hôpital, le chirurgien fait savoir que : « Des faits graves et inacceptables, dont sont victimes les malades hospitalisés devant subir des interventions chirurgicales, sont à signaler dans le service de chirurgie. Ils ne sont toujours pas programmés pour leur intervention alors que leur dossier est complet et comportant en particulier l'accord du médecin anesthésiste ». Il cite deux cas urgents qui risquent d'avoir d'autres complications plus tard en précisant que plusieurs autres malades subissent le même sort, « la liste est longue », a-t-il indiqué. D'autres patients, ajoute-t-il, sont par contre programmés le jour ou le lendemain de leur admission. Ce comportement « méprisable envers le malade est inadmissible », conclut-il.