Parmi les blessés, figure l'agent de sécurité, touché au bras par un objet éjecté par le souffle à des centaines de mètres du lieu de l'attentat. «En entendant l'explosion, j'ai sauté du deuxième étage. J'ai cru à un séisme», affirme Malik Abbas, 35 ans, allongé sur un lit au service de réanimation du CHU Nédir-Mohamed de Tizi Ouzou. C'est le blessé le plus grièvement touché. Sa mère patiente dans la salle d'attente. Elle est plus au moins rassurée. Les médecins lui ont confirmé que son fils n'encourait aucun danger. Il va juste subir une intervention chirurgicale au niveau de l'épaule car il a une fracture. Il a aussi des contorsions multiples sans grande méchanceté, d'après le médecin l'ayant pris en charge depuis 5 heures du matin. Elle dit qu'au moment de l'explosion, elle était dans la chambre d'en face. Elle a couru vers celle de son fils et fut surprise de ne l'avoir pas trouvé. Si le blessé dit que c'est lui qui s'est jeté de la fenêtre, des médecins affirment, quant à eux, que c'est le souffle de la bombe qui l'a éjecté vers l'extérieur. A côté, un autre policier est légèrement blessé mais très choqué. «J'ai très mal aux oreilles», confie-t-il. Il a 36 ans et est originaire de Tébessa. Il travaille à Tizi Ouzou depuis deux ans. «J'étais en congé. Je suis rentré hier de Tébessa. Normalement je devais déménager vers le nouveau célibatorium. Mais j'étais en congé de maladie. En arrivant hier, j'étais très fatigué. J'ai dormi à 22 heures. A cinq heures, la forte explosion m'a effrayé. En quittant le dortoir, j'ai remarqué que tous les murs s'étaient effondrés. Nous avions du mal à savoir si c'était un tremblement de terre ou une bombe. Il faisait encore noir», raconte-t-il. Un troisième blessé, bien que légèrement touché, était tellement choqué qu'il ne pouvait pas parler. «Depuis qu'il a été évacué, il est dans cet état. Il n'a pas parlé. C'est dû au choc», explique un médecin. Le policier qui était de faction est aidé par l'un de ses amis pour se rendre aux sanitaires. Il ne peut pas parler. Les traces de l'explosion sont perceptibles sur ses mains et ses pieds. Ce policier, originaire de Aïn Témouchent, a 32 ans. Il est hors de danger, d'après les médecins. Dans une autre salle, nous avons trouvé une seule blessée, les autres ayant quitté l'hôpital après avoir reçu les premiers soins. Cette femme a été blessée à l'épaule après avoir été touchée par des bris de verre: «Je n'ai rien compris. J'ai entendu une forte explosion. Puis, j'ai couru à l'extérieur. Ma fille, âgée de 14 ans, a été blessée. Elle a quitté l'hôpital il y a environ une heure.» «Trois autres blessés, ayant été pris en charge dans cette salle de soins sont sortis après avoir été soignés», révèle l'infirmière de service. A midi, il ne restait à l'hôpital que cinq blessés. Il faudrait signaler, toutefois, que parmi les blessés, figure l'agent de sécurité qui a été touché au bras par un objet éjecté par le souffle à des centaines de mètres du lieu de l'attentat. Une fumée noire montait de la cité les Eucalyptus Il y a eu d'abord la forte explosion. Les habitants du bloc A de la cité Eucalyptus ont pensé à un tremblement de terre, mais une fois sur les balcons, ils ont aperçu de la fumée noire se dégager de l'entrée du commissariat des renseignements généraux. Tout le monde a compris alors qu'il s'agissait d'un attentat à la bombe. Hier, à 13h30, les travaux de déblaiement n'étaient pas encore achevés. Pourtant, des moyens énormes ont été mobilisés pour nettoyer les lieux. C'est dire que les dégâts matériels provoqués par l'explosion sont immenses! Plusieurs murs du commissariat ciblé, des murs du bâtiment qui jouxtent le commissariat et des toits se sont carrément effondrés comme des châteaux de cartes. Les citoyens du quartier sont, dans leur majorité, à l'extérieur. L'électricité et l'eau sont coupées. Des camions-citernes de l'Algérienne des eaux sont arrivés et on fait la queue pour remplir les jerricans. Une ambiance qui rappelle celle d'un tremblement de terre. Les citoyens avec lesquels nous avions discuté ne laissent transparaître aucun signe d'inquiétude démesurée. Un quinquagénaire, habitant dans le Bloc A de la cité les Eucalyptus, ira même jusqu'à dire: «Nous nous attendions à ce qu'il y ait, un jour, un attentat contre ce commissariat. Depuis que les commissariats ont été barricadés, nous avions compris que des risques pesaient sur eux.» Un groupe de policiers commentent à leur manière l'événement. Personne ne sait pour le moment s'il s'agit vraiment d'un fourgon (c'est la version la plus répandue) ou bien d'une petite voiture Renault Clio dont s'est servi le kamikaze pour commettre son forfait. Le correspondant d'une chaîne de télévision étrangère, ayant vu le tuyau d'échappement du véhicule, confie que ça devrait être une petite voiture. Mais un officier de police, en avouant ne pas être sûr, affirme qu'il s'agirait d'un fourgon. Impossible d'avoir l'information exacte tant que les éléments de la police scientifique, sur place depuis la matinée, n'ont pas encore terminé leur travail. Les vitres des habitations de plusieurs quartiers de la ville de Tizi Ouzou ont volé en éclats. Des dégâts ont été enregistrés au niveau des bâtiments de la rue Lamali, quartier où est situé le siège de l'Opgi ainsi qu'au bâtiment bleu.