Le virus responsable de cette affection rare, le Serratia, attaque les os. Si le patient n'est pas traité dans les délais, il risque l'imputation des membres contaminés. Des malades qui se font opérer aux deux blocs opératoires du service traumatologie de l'hôpital Mitidja de Blida contractent une mystérieuse épidémie après les interventions chirurgicales. Sur place, on apprendra que le problème est localisé et qu'une équipe épidémiologique a procédé à la décontamination des deux blocs opératoires, mais sans résultat. Pis, selon des sources hospitalières, cette situation dure depuis une année. “Elle n'a atteint des proportions alarmantes que durant ces deux derniers mois, parce que le nombre de personnes contaminées n'a pas cessé de s'accroître.” Il semble que les chirurgiens refusent de travailler dans ces conditions et ont décidé de ne plus opérer. Selon un chirurgien que nous avons rencontré à l'hôpital Mitidja, cette bactérie qui fait des ravages s'appelle le Serratia. “Le Serratia rend la plaie puante et la gonfle, si le patient n'est pas traité immédiatement, le Serratia attaque les os. Dans la plupart de ces cas-là, le chirurgien sera obligé d'amputer les membres contaminés.” C'est ce qui fait craindre le pire et qu'appréhendent les familles des malades hospitalisés au niveau de cette structure sanitaire. Le professeur Hamidani, chef de service traumatologie, reconnaît la présence de cette bactérie au niveau des blocs opératoires, mais estime que la situation n'est pas inquiétante. Pour lui, l'infrastructure hospitalière actuelle ne répond pas aux exigences de la chirurgie. Des travaux doivent être entamés, en toute priorité, pour permettre à cette unité de bien fonctionner. Selon une autre source, le service traumatologie a toujours été marginalisé, c'est ce qui explique le retard qu'il accuse actuellement, et ce, contrairement au service de chirurgie générale lequel bénéficie de tous les avantages et les égards. M. Abed, dont la fille a été contaminée par le Serratia, suite à une intervention chirurgicale, nous servira de guide durant notre périple à travers les services de cet hôpital. Il ne sait plus à quel saint se vouer pour mettre un terme à cette situation. Tout en exhibant les documents, M. Abed nous dira : “Ma fille a été admise au service traumatologie suite à un accident de la circulation. Dès son admission, on lui fera un prélèvement de sang que j'ai déposé dans un laboratoire privé pour un bilan. Après l'intervention chirurgicale qui a été réussie, j'ai constaté un pus de plaie au niveau de la jambe de ma fille. J'ai aussitôt demandé des prélèvements que j'ai analysés auprès de deux laboratoires dont l'un étatique, celui de l'hôpital Ben-Boulaïd. J'ai été surpris de constater que les deux résultats d'analyses étaient positifs et confirmaient la présence du Serratia. J'ai déboursé plus de trois millions de centimes pour attaquer la bactérie que ma fille a contractée au sein de l'hôpital.” Une virée à travers la salle d'observation que les malades qualifient de “salle des contaminés” renseigne sur les mauvaises conditions d'hébergement des patients. Une salle où tous les insectes trouvent les conditions idoines pour se reproduire. En plus des odeurs nauséabondes, le parterre est salle et les toilettes bouchées. Selon des témoignages recueillis sur place auprès des malades, “c'est la famille qui achète les produits d'entretien et autres insecticides et se charge de l'entretien des lieux. C'est aussi la famille qui prend en charge les produits pharmaceutiques”. Une femme de Djelfa nous dira : “Je suis venue pour changer mon pansement, je me retrouve avec le Serratia. Je suis dans ce service depuis plus de vingt jours.” Des membres du corps paramédical du service post-opéré de cet hôpital avouent : “On retrouve la plupart des personnes qui ont quitté le service post-opéré au niveau du service d'observation. Une situation étrange à laquelle on ne trouve aucune explication plausible.” Nos interlocuteurs ajoutent : “En principe, une personne qui quitte le service post-opéré n'a aucune raison pour séjourner de nouveau à l'hôpital. Elle revient juste pour le changement des pansements ou bien pour un examen de contrôle. C'est la première fois que nous sommes confrontés à cette situation.” Il y a lieu de relever que toutes les personnes interrogées reconnaissent la compétence des médecins de cet hôpital et que le problème réside ailleurs. Où ? M. Zebbar, directeur général du CHU, nous dira : “Je viens d'être nommé à la tête du CHU de Blida. J'ai constaté les mauvaises conditions de l'unité Mitidja pour laquelle je viens de nommer un staff dirigeant qui a été instruit d'élaborer un plan de relance de cette structure dans les meilleurs délais, avec une obligation de résultats. Je tiens à vous signaler que ce que j'ai vu à travers les différentes unités du CHU ne reflète nullement les efforts consentis. C'est pour cela que je suis décidé à secouer le cocotier. Pour ce qui est du problème du Serratia que vous évoquez, notre service de prévention et d'épidémiologie a effectué une opération de contrôle, mercredi dernier, à l'issue de laquelle il a élaboré un rapport qui ne signale pas d'anomalie.” Document à l'appui, le directeur général du CHU relèvera les conclusions du rapport qui stipulent : “Ce sont les mêmes germes habituellement constatés au niveau de tous les services hospitaliers dans des seuils tolérables partout.” Une biologiste nous dira : “Si la décontamination a été effectuée et le problème persiste, cela veut dire que le manque d'hygiène est flagrant.” M. ACHOURI Le Sete de Tizi Ouzou déçu par sa tutelle “La FNTE a bradé le mouvement des travailleurs de l'éducation” Le Syndicat d'entreprise des travailleurs de l'éducation (Sete-UGTA) de la wilaya de Tizi Ouzou n'est pas satisfait du “rendement” revendicatif de la FNTE. “Notre Fédération a bradé le mouvement des travailleurs. Elle n'a rien arraché de positif”, nous a déclaré, hier, Mansour Aït Hamou, secrétaire général du Sete. “Il faut un syndicat fort et solidaire”, plaide ce syndicaliste qui estime que “la division de la famille de l'éducation ne travaille pas notre intérêt”. Le Sete envisage de rencontrer les syndicats des autres wilayas dans la perspective de la “construction d'un cadre solidaire”. “Nous devons nous concerter. Le monopartisme n'a jamais servi les intérêts des travailleurs, surtout face à un pouvoir qui agresse les enseignants”, ajoutera M. Aït Hamou. S'agissant du mouvement de grève de la Coordination nationale des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), le secrétaire général du Sete dira : “Les revendications des PES sont les nôtres, car elles sont légitimes, mais les travailleurs de l'éducation sont condamnés à s'unir face à un pouvoir qui veut diviser pour régner”, conclut Mansour Aït Hamou. A. T.