Le fleuron économique de l'extrême ouest du pays, la maïserie de Maghnia, a changé de mains, à la faveur d'une privatisation opérée quasiment en catimini, en ce sens que l'opération s'est déroulée en un temps record et sans véritable consultation avec les travailleurs. « On nous a toujours reproché d'être des pollueurs, mais on a cru sortir de l'œil du cyclone en entamant les travaux de la station de traitement qui a exigé de nous énormément de sacrifices. Malheureusement, quelque part, les dés étaient déjà jetés et tout le reste n'était que du cinéma... », s'indignent des travailleurs. L'usine dont on dit qu'elle est unique sur le continent africain, qui emploie plus de 300 ouvriers, toutes fonctions confondues, et fabrique des produits à base de maïs (du gluten entre autres) a été reprise par un industriel du centre du pays qui promet de réanimer cette unité et la « remettre sur rails » au point de pouvoir exporter ses produits. « C'est étrange ! On affirme que l'usine sera performante et l'on se demande pourquoi ce qui est possible aujourd'hui ne l'était pas avant ? » s'interrogent, en colère, nos interlocuteurs. « L'Etat veut se débarrasser de ses biens, quoi qu'il lui en coûte, mais la victime c'est nous ! », accusent-ils encore. A l'heure actuelle, nous ne savons rien des conditions de cette privatisation. Même le syndicat de l'entreprise n'a pas réagi officiellement. Est-ce à dire que les tractations ont satisfait les différents partenaires ? « Nous n'avons pas peur du privé ; nous voulons simplement garder nos emplois et préserver nos droits », concluent, décontenancés, plusieurs travailleurs.