Trois filiales d'Eriad-Alger vont bientôt mettre la clé sous le paillasson. Le président de la Fédération nationale de l'agroalimentaire, Kamel Benabou, nous a révélé hier que la privatisation du groupe Eriad va engendrer la perte de 18.000 postes d'emploi. Trois filiales du groupe agroalimentaire d'Eriad-Alger vont mettre bientôt la clé sous le paillasson, selon lui. Les raisons sont liées, a-t-il ajouté, à la dégradation de la situation du groupe qui est actuellement en difficulté de production et de commercialisation. Les Eriad n'ont pas été suffisamment préparées à l'ouverture du marché, à la nouvelle conjoncture. La vétusté de l'équipement s'est également mise de la partie pour déteindre sur la qualité des produits. «Nous ne pouvons contester maintenant la privatisation puisque c'est un fait avéré et nous sommes obligés de passer par là. Mais nous allons nous battre pour arracher au moins le droit à l'indemnisation des travailleurs», dira M.Benabou. Cela dit, les acquis et droits des travailleurs qui vont en sus bénéficier de 10% du prix de la cession, sont garantis par les textes, selon les gestionnaires. Eriad, ce géant de l'agroalimentaire, ayant dans un passé récent engrangé des centaines de milliards de bénéfices, s'est pour divers motifs, retrouvé proposé à la vente, en 2001, dans un vaste programme de restructuration du secteur public. En tout, cinq entreprises régionales de produits alimentaires ont été promises à la liquidation. Le programme a été élaboré au temps de Noureddine Boukrouh, alors ministre de la Participation et de la Coordination des réformes. L'opération a tourné court, à la grande joie des syndiqués de l'Ugta, qui ne voulaient pas entendre parler de privatisation. Le relancement de ce processus, à la venue de Abdelhamid Temmar, a changé le cours des choses avec un programme de privatisation de plus de 1200 entreprises publiques en difficulté, y compris les Eriad. Plusieurs filiales ont été déjà cédées au privé entre autres la maïserie de Maghnia, une des neuf filiales du groupe Eriad de Sidi Bel Abbès, spécialisée dans la production de l'amidon, du sirop de glucose, de la liqueur de trompe et de la dextrine, les deux usines de levure dont le repreneur est le français Lesaffre, et la biscuiterie de Cherchell achetée par le groupe Flash. Actuellement c'est le groupe Eriad-Sétif qui est proposé à la privatisation. Ce dernier vient d'ailleurs de lancer une offre publique de retrait des actions acquises par des personnes physiques et morales lors de la privatisation partielle de l´entreprise en 1999. Cette mesure a été décidée dans la perspective de la récupération de la part du capital déjà cédée de l´entreprise en vue de sa privatisation totale. L´offre publique de retrait, qui consiste simplement à racheter les actions auprès de leurs propriétaires, avait été autorisée en mai dernier par la Commission de surveillance des opérations en Bourse (Cosob), suite à une résolution d´une assemblée générale extraordinaire d´Eriad-Sétif. Le prix de l´offre publique, qui se déroulera du 30 juillet en cours au 18 septembre prochain, a été fixé à 1.500 DA par action, selon la responsable de la cellule Bourse auprès de cette entreprise. Ce marché fortement concurrentiel s´était traduit pour Eriad-Sétif par le passage d´un résultat bénéficiaire de 2 milliards de DA en 2000 (année de sa première cotation en Bourse) à des pertes estimées à environ 1,5 milliard de DA en 2005. Pourtant le groupe était considéré comme le plus important sur le marché national. Il a pu réaliser en 1998, un bénéficié net de 1,615 milliard de dinars et l'année suivante, il avait dépassé les deux milliards de dinars. L'instabilité des managers et l'ouverture d'un secteur au privé produisant actuellement plus de deux fois la demande nationale ont affecté la gestion de l'entreprise. Selon M.Benabou, l'Etat a une part de responsabilité dans la dégradation de la situation du groupe. Avec des équipements dépassés, les filiales du groupe, a-t-il soutenu, n'ont pu faire face à la concurrence «déloyale» du privé. Il a insisté néanmoins que la qualité des produits des entreprises publiques est meilleure que celle du privé qui respecte rarement, selon lui, les normes. Notons par ailleurs que sur les dix filiales que compte Eriad-Sétif, celle de Touggourt est la seule dont le dossier de privatisation est quasiment finalisé avec un repreneur du secteur privé, selon la même source. Quant aux neuf autres, elles recueilleraient un nombre important de demandes provenant de sociétés privées du secteur agroalimentaire et les négociations en vue de leur cession ont déjà été entamées.