La question de la protection de l'environnement revient au devant de la scène dans la wilaya de Boumerdès. Les services concernés n'arrivent toujours pas à assurer convenablement la propreté nécessaire à une vie saine. Des communes sont jonchées d'ordures ménagères, des oueds déversent leurs eaux polluées dans la mer, des décharges publiques empoisonnent l'air des riverains, des irrigations douteuses compromettent les cultures, etc. La liste n'est pas exhaustive. En effet, sur les 32 communes que compte la wilaya, seules 12 ont confié la gestion des ordures ménagères à Madinet, Epic de wilaya. A titre d'exemple, durant les trois jours de l'Aïd, 255,96 tonnes de détritus ont été ramassés au chef-lieu de wilaya, alors qu'à Boudouaou et Khemis El Khechna, ce sont respectivement 441,08 et 368,98 tonnes, avec des rotations allant de 60 à 91 camions à bennes, soit plus de 2000 tonnes pour le seul côté ouest de la wilaya. Les moyens d'intervention sont tout simplement dérisoires. Madinet a hérité des moyens que possédaient les communes, dont les travailleurs appartenant aux APC. Défaillantes, le peu de moyens dont elles disposaient ont été récupérés par l'entreprise de nettoyage. Certes, de nouveaux recrutements ont été effectués, mais le travail reste immuable : des camions à bennes -parfois même pas- opèrent plusieurs rotations dans les quartiers. Madinet a également la responsabilité de gérer le centre d'enfouissement technique de Corso, d'où des odeurs insupportables émanent durant les chaleurs estivales. En somme, même si l'entreprise déploie des efforts pour répondre aux besoins de certaines communes, des citoyens continuent à se plaindre de «l'insuffisance des interventions». Entre Hamadi et Khemis El Khechna, les routes et chemins sont devenus depuis des années des décharges de prédilection pour les individus, qui y déversent des marchandises obsolètes de toutes sortes. A l'est de la wilaya, la situation est encore plus catastrophique. Les décharges sauvages des Issers et de Naciria ont fait l'objet de plusieurs récriminations des riverains, qui assistent impuissants à l'amoncellement de plus en plus important d'ordures et aux émanations nocives suite à leur mise à feu. Pourtant, les autorités avaient promis que le problème serait résolu avec l'entrée en service du CET de Zaâtra (350 000 t), près de Zemmouri. Mais la faiblesse de la capacité de ce dernier n'arrive pas à couvrir les besoins d'une région, avec 150 t/jour de déchets, qui s'étend jusqu'à Dellys, en passant par Legata et Cap Djenet, au nord et Bordj Menaïel, Baghlia, Sidi Daoud, au sud, sans parler des régions montagnardes, telles que Chabet, Timizrit, Taourga et Afir. Les plages du littoral ne sont pas épargnées par la pollution et la dégradation du cadre de vie. Déjà au chef-lieu, Oued Tatareg déverse son liquide noirâtre devant des yeux effarés d'estivants, qui tentent d'esquiver les contaminations en nageant sur un versant à contre-courant. En vain. Un goût de mazout ou de liquide dérivé les saisit à la gorge. Mais que font les services de l'environnement ? Pourquoi n'interviennent-ils pas pour sanctionner les industriels qui polluent en amont les oueds ? La législation existe mais, curieusement, elle n'est pas appliquée. De plus, l'absence remarquée des associations écologiques sur le terrain exacerbe cette atmosphère d'impunité. Devant cet état de fait, il ne faut pas s'étonner que toutes les campagnes de sensibilisation au tri sélectif aient échoué.