Les riverains du centre d'enfouissement technique (CET) de Corso, à 3 km à l'ouest de Boumerdès, vivent le calvaire de l'odeur étouffante qui s'en dégage. Cette pollution parvient, même en cette saison hivernale, jusqu'à la ville de Boumerdès et ses environs. A la tombée de la nuit, elle se fait plus persistante. Des citoyens en sont arrivés à prévoir le déménagement comme solution, surtout après que la promesse des responsables de venir à bout de cette forte incommodité s'est révélée vaine. Ammi Ali, directeur du CET et de l'entreprise publique de collecte des ordures Madinet, dans 20 communes de la wilaya, justifie l'échec du traitement des émanations du liquide organique par un produit spécial acheté au prix fort de 900 millions de centimes par «le mauvais choix de terrain de la décharge qui se trouve dans un couloir propice aux passages de courants d'air qui transportent l'odeur vers les agglomérations environnantes». Et de poursuivre : «J'ai hérité d'une situation que je gère avec les moyens du bord pour traiter 1500 tonnes/jour de déchets, dont 80% proviennent d'Alger. En tout cas, le problème est en passe d'être réglé définitivement par l'ouverture d'un autre casier, étant donné que celui qui est décrié actuellement arrive à saturation.» Mais le problème est bien plus profond. Selon certains spécialistes, c'est l'option CET qui pose problème: «L'Algérie aurait pu opter pour la solution de l'incinérateur lorsqu'elle en avait les moyens.» En effet, «outre qu'il permet de traiter hermétiquement les déchets, il aurait pu également fournir de l'énergie à la chaudière pour un chauffage de toute une ville». Certes, si le CET coûte autour de 2 millions d'euros, expliquent-ils, l'incinérateur en fait 6 fois plus. Mais l'amortissement du coût élevé aurait été assuré par la suite dans l'économie des frais de dépollution des oueds Corso, Boudouaou et Tatareg, des frais médicaux des riverains atteints d'insuffisances respiratoires et autres maladies et des dépenses de consommation d'énergie, sans parler de la célérité dans le traitement des ordures ménagères. Cependant, le problème risque de se déplacer vers Zemmouri, qui verra l'inauguration du CET de Zaâtra incessamment. Même si sa dimension est plus modeste, il permettra de mettre fin au point noir que sont les décharges sauvages du côté nord-est de la wilaya. M. Ammi assure que le choix de son site tient compte du danger des émanations et «son éloignement des habitations et courants d‘air ne provoquera aucun désagrément». D'autres régions de la wilaya connaissent le même point noir : la multiplication des décharges sauvages. La pire décharge longe la route entre Hammadi et Khemis El Khechna, à l'est de Boumerdès. L'amoncellement des détritus bouche par certains endroits la circulation automobile. D'ailleurs, la daïra de Khemis El Khechna vit une situation écologique et, donc, sanitaire, catastrophique. Selon le directeur de Madinet, il est question que son entreprise signe une convention avec les responsables communaux pour lui confier désormais la collecte des ordures.