Lorsque la présidente du tribunal de Annaba a prononcé la relaxe d'un jeune qui avait brandi le drapeau national et l'emblème amazigh et ordonné la restitution de ces deux symboles, on s'était dit qu'enfin, la justice algérienne commençait à sortir la tête de l'eau. Mme Sanagh Ghania a prononcé un jugement qui s'apparentait à un coup de tonnerre dans un secteur traditionnellement marqué par le non-droit. Surtout qu'elle venait de prendre à contre-pied le procureur Choualeb Elyas qui avait requis 10 ans de prison contre un jeune qui manifestait pacifiquement et qui était fier de son algérianité et de son identité ! On s'attendait à ce que ce bel exemple fasse tache d'huile et que la nation reconnaissante envoie Mme Sanagh au Panthéon. Les citoyens avaient salué à sa juste valeur cette magnifique décision qui a redonné confiance à l'Algérien quant à sa justice. Malheureusement, il a fallu rapidement déchanter. Les vieux réflexes pourris destinés à terroriser le peuple ont la peau dure. La répression continue comme si de rien n'était. Samedi, des supporters de la JSK qui défilaient à Alger avec le drapeau berbère ont été arrêtés. N'était la persévérance des dirigeants du club de Tizi, ils croupiraient à ce jour en prison. Vendredi dernier, Mme Sabrina Malek, une militante du RAJ, a été arrêtée puis libérée pour «port d'arme»… pardon, de drapeau amazigh, mais elle a été convoquée par le procureur pour répondre de son crime ! Depuis la démission de Abdelaziz Bouteflika, le pouvoir a développé un discours mielleux, soulignant que rien ne peut se faire sans un dialogue auquel participeraient tous les citoyens. C'est le seul moyen de d'instaurer un climat sain, un climat de confiance pour créer les conditions de dialogue et qu'il est prêt à écouter et à accepter toutes les doléances. C'est ainsi qu'est né le panel dont le premier responsable, Karim Younès, a dit qu'il travaillera sous certaines conditions, comme par exemple la libération des détenus politiques, l'ouverture des médias sans exclusive, etc. Or, dès l'installation de la commission, le pouvoir s'est mis à montrer les crocs, à menacer, à interdire l'exhibition du drapeau amazigh… Même la composante du panel est frelatée. Une certitude s'est imposée aux citoyens : le pouvoir veut dompter la société civile et ensuite faire ce qu'il veut de ce pays. Il tient un discours provocateur qui pourrait à son tour déboucher sur un climat de guerre civile. Même le panel n'échappe pas à ses manipulations et Karim Younès, qui est en train de laisser des plumes dans cette affaire, n'a aucun contrôle sur la situation et on ne sait pas s'il est conscient qu'on lui fait un enfant dans le dos. Heureusement que le peuple algérien est conscient des enjeux. Les intimidations et les provocations ne l'éloignent pas de ses objectifs. Il a prouvé, d'Est en Ouest et du Nord au Sud, qu'il est plus mature et plus responsable que les gens du pouvoir et qu'à travers tout le territoire national, il développe un seul discours qui sauvera l'Algérie en la propulsant dans le monde des nations libres et démocratiques. C'était le rêve des pères fondateurs du 1er Novembre.