Le Parti des travailleurs estime qu'il est tout à fait naturel de refuser de rencontrer le panel. La délégation de l'instance nationale du dialogue et de la médiation que conduit Karim Younès, dans le cadre des consultations avec les forces politiques et différentes élites nationales pour l'organisation d'une élection présidentielle dans les plus brefs délais, n'arrive toujours pas à trouver l'écho tant espéré pour entrer en contact avec tous les partis politiques et les personnalités nationales de l'opposition. Contacté par nos soins, le député du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Ouamer Saoudi, a confirmé que son parti n'a pas encore reçu d'invitation de quelque nature que ce soit de la part de ce panel. "Pour le moment, nous n'avons reçu aucune invitation de la part du panel de dialogue." À la question de savoir si le RCD allait répondre favorablement, notre interlocuteur a indiqué que "le parti se prononcera sur cette question en temps opportun, c'est-à-dire lorsque le panel entrera en contact avec nous". Pour Ramdane Youcef Taâzibt, membre de la direction du Parti des travailleurs (PT), le rejet de la démarche du panel de dialogue découle naturellement du refus catégorique du pouvoir à vouloir répondre aux préalables du peuple et aux conditions dans lesquelles se déroule ce dialogue. "Ce panel nous a contactés. D'emblée, nous leur avons rappelé que la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune, a été jetée et maintenue en prison arbitrairement. Du coup, il s'agit d'un rejet naturel. Au moment où le régime et le panel parlent de dialogue, la situation s'aggrave. En plus de Mme Hanoune et de Bouregâa, plus de 45 jeunes croupissent en prison pour avoir brandi le drapeau amazigh, en plus du rejet massif et systématique des demandes de liberté provisoire des personnes emprisonnées." Pis encore, notre interlocuteur estime qu'"aucun préalable posé par le peuple n'est satisfait, ajouté à la fermeture hermétique des médias à toute voix contraire à celle du régime. Aussi, il faudra rappeler que ce panel a été installé par un président de l'Etat par intérim dont le règne a dépassé les délais impartis par la loi. Le seul objectif de ce panel est d'organiser un simulacre de dialogue pour faire passer la présidentielle pour pérenniser le système, dont le départ est réclamé par des millions d'Algériens". La même tendance se dégage également du côté de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh) que préside Noureddine Benissad. Tout en confirmant n'avoir pas été contacté par le panel de Karim Younès, celui-ci met l'accent sur le caractère de la vertu démocratique que revêt tout dialogue. "Aucune personne censée ne peut refuser le principe d'un dialogue. Mais concernant ce dialogue, le discours officiel refuse tous les préalables, notamment la libération des détenus d'opinion, la libération du champ médiatique et politique, l'abrogation des lois liberticides liées aux droits de s'organiser et de manifester et les entraves aux libertés fondamentales, notamment le droit de manifester et de s'exprimer principalement à Alger qui connaît un blocus chaque vendredi", a indiqué M. Benissad, affirmant que "ce dialogue est fermé et limité au seul processus d'organiser une élection présidentielle. Et nous, nous pensons tout le contraire. Car, aujourd'hui, la transition démocratique n'est plus un choix, mais une nécessité pour s'attaquer et traiter les causes qui ont conduit l'Algérie aux différentes dérives que nous connaissons. Nous devons aller vers une transition démocratique pour mettre l'Algérie sur la bonne voie. Pour le moment, les manifestations sont pacifiques, mais si on régénère encore le système, chacun devra prendre ses responsabilités, car personne ne peut prévoir ce qui pourra se passer". Le parti islamiste, le MSP, a expressément rejeté tout dialogue avec le panel.