Boulevard Zaâbane en fin de journée. Une longue file se forme à proximité de l'agence de la Sonelgaz et se prolonge jusqu'au pont Sidi Rached. Des scènes tristes qui reviennent au quotidien. Des citoyens simples font le pied de grue au centre-ville dans l'espoir de dénicher un taxi. Après les mesures sévères prises il y a quelques semaines par les services de la sûreté de wilaya à l'encontre des chauffeurs de taxis, ce sont les habitants des quartiers lointains qui éprouvent les pires difficultés pour rejoindre leurs domiciles. « Il m'arrive de poireauter chaque jour pendant près d'une heure pour avoir une place, pour laquelle il faut en plus se battre », affirme une dame habitant le quartier Sidi Mabrouk. Le constat est le même dans tout le centre-ville où les chauffeurs de taxis sont interdits de prendre leur clientèle, notamment à la rue Abane Ramdane, les allées Benboulaïd, le boulevard Aouati Mostefa et l'avenue Zighoud Youcef. « C'est devenu un calvaire aussi bien pour nous que pour les habitants des cités périphériques où, chaque jour, tout le monde joue au chat et à la souris avec les agents de police », dira un chauffeur de taxi. Le problème a pris une telle ampleur ces derniers jours que la majorité des « taxieurs » refuse d'aller vers le centre-ville alors que d'autres sont contraints de faire de longs détours pour éviter d'être verbalisés. « L'APC de Constantine est tenue pour principal responsable de cette situation car elle continue à faire dans la politique de l'autruche en dépit de toutes les doléances des syndicats pour l'ouverture d'une station au centre-ville », a noté un autre chauffeur de taxi. En fait, depuis la fermeture de la station de la rue Chitour Amar, autrefois réservée aux destinations des cités Sidi Mabrouk, Daksi, Oued El Had, Emir Abdelkader et Ziadia, les taxieurs sont pareils à des SDF. « Pourtant, le même lieu a été transformé en parking, alors que les promesses qui nous ont été faites pour l'ouverture d'un autre espace n'ont pas été tenues par les autorités de la commune, malgré les multiples réunions organisées avec les services de la direction des transports », dira un autre. Pour le simple citoyen, harassé par une longue journée de travail, la situation est devenue intenable surtout avec les problèmes de transport que la ville connaît, notamment après la suppression de trois stations de bus (Kerkeri, Boumezzou et Benabdelmalek) en l'espace de deux ans. « Même les personnes âgées et les handicapés ne sont pas autorisés à prendre un taxi au centre-ville », a déploré une vieille dame dépitée. Voulant aller à l'hôpital, la pauvre a en vain supplié un policier à l'avenue Zaâbane, mais celui-ci est resté de marbre.