Youcef Yousfi, ancien directeur général de Sonatrach, est aux commandes du ministère de l'Energie et des Mines. Après la désignation de Nouredine Cherouati à la tête de Sonatrach, succédant à Mohamed Meziane, supposé impliqué dans une affaire de corruption, le lifting opéré sur le staff gouvernemental a vu l'éviction de Chakib Khelil et l'arrivée d'un autre « enfant de la boîte », Youcef Yousfi en l'occurrence. Une page vient d'être tournée dans le secteur de l'énergie qui a fait face à de véritables orages. Certes, il y a eu un jeu d'échecs d'ordre politique, mais « c'est la décision la plus positive de ce remaniement », commente-t-on ainsi l'arrivée de Youcef Yousfi au ministère de l'Energie et des Mines. Il était professeur de chimie, avant d'occuper le poste de directeur de l'industrie pétrochimique au ministère de l'Industrie et de l'Energie. Le successeur du « déchu » Khelil était placé directeur général de la compagnie publique des hydrocarbures. Il a été nommé à la tête de l'un des quatre premiers Fonds de participation créés par l'Algérie. Il était ainsi devenu le premier responsable du Fonds des mines, du pétrole et de l'hydraulique en 1988. Après moins de deux années à la tête de ce fonds, Youcef Yousfi quitte l'Algérie et se rend au Qatar pour occuper les fonctions de conseiller auprès de Qatar Gaz. Il est vrai que sa venue répond au souci de professionnaliser l'activité du ministre de l'Energie, en raison des enjeux auxquels sont confrontées les industries gazières et pétrolières, mais la réhabilitation du vieil immeuble de Sonatrach s'annonçait telle une priorité de premier plan. En tout cas, au niveau de Sonatrach et du ministère de l'Energie et des Mines, le départ de Chakib Khelil « sonnait la fin d'une ère ». Youcef Yousfi est arrivé à la Présidence en 1996 en qualité de chef de cabinet de l'ex-chef de l'Etat, Liamine Zeroual, tous deux natifs de Batna. En 1997, il retrouve sa vocation et est désigné ministre de l'Energie et des Mines. Les deux années suivantes, soit en 1998 et 1999, le désormais ministre de l'Energie et des Mines se voit élevé au grade de président de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). A son arrivée à la tête du pouvoir, Abdelaziz Bouteflika place Chakib Khelil comme l'un de ses conseiller principaux avant de le nommer, en décembre 1999, ministre de l'Energie et des Mines. Youcef Yousfi quitte alors les hydrocarbures pour s'appliquer à gérer la diplomatie algérienne. Ironie du sort, près de onze années plus tard, c'est Chakib Khelil qui est évincé de l'échiquier pour être remplacé par Youcef Yousfi. Il (Chakib Khelil) est pourtant réputé d'être l'un des hommes de confiance du Président. Un jeu de poker lui a été politiquement fatal. La fin du régime Khelil a bel et bien sonné. Il y a un fossé entre lui et Youcef Yousfi. Ce dernier est surnommé le « père de la loi pétrolière de 1986 ». Il a été même à l'origine des « fameux » 40 contrats qui ont marqué le commencement de l'ère des grands partenariats. Quant à Chakib Khelil, son ère a été marquée par les grands scandales, à commencer par la fameuse loi sur les hydrocarbures qui a provoqué les foudres des politiques et des experts les plus avertis. Le dernier scandale en date de l'ère Khelil est celui qui a éclaboussé la réputation de Sonatrach qui est le poumon de l'économie nationale et la première entreprise d'Afrique. Il est vrai que son éviction relève bon gré, mal gré, d'un simple calcul de logique et de bon sens. Mais si Khelil a perdu, cela signifie probablement qu'un nouvel élément vient de bousculer l'ordre politique établi. L'homme que l'on considère celui du Président était, il y a quelques jours, incapable de peser sur les choix d'un nouveau PDG de Sonatrach. Au lendemain de la désignation de Nouredine Cherouati à la tête de Sonatrach, certains bruits circulaient déjà concernant l'éviction de Khelil. L'un des anciens dirigeants du secteur, très au fait de ces rouages, nous a confié que « les changements ne sont pas encore terminés ». En effet, la page du scandale Sonatrach et des multiples impairs commis vient d'être tournée avec le départ de Khelil. Une véritable sanction ! La question qui se pose au lendemain de son éviction est celle de savoir si le désormais ex-ministre de l'Energie et des Mines sera convoqué par la justice dans le cadre de l'affaire de corruption qui a vu la décapitation du staff managérial de Sonatrach. La question s'impose d'elle-même.