C'était prévisible, tout le monde le donnait partant. Le Président de la République a été contraint de se séparer d'un de ses plus proches ministres, M.Chakib Khelil appelé à «d'autres fonctions». Après près de onze ans de présence à la tête du département de l'Energie, Chakib Khelil quitte le Gouvernement, notamment à cause de sa mauvaise gestion du scandale qui a ébranlé la Sonatrach. La nomination de Noureddine Cherouati comme PDG de Sonatrach était déjà interprétée comme un indice de la fin du règne de Khelil. La nomination M Youcef Yousfi, qui retrouve le secteur de l'énergie qu'il avait déjà géré en 1997, alors que Lamine Zeroual était Président de la République et Ahmed Ouyahia chef du Gouvernement, indique que le contrôle de Sonatrach et donc de la rente a semble-t-il changé de main. Né à Batna le 2 octobre 1941 M. Yousfi a commencé sa carrière comme maître de conférences puis professeur d'ingénierie chimique à l'École nationale polytechnique d'Alger où il a également occupé la fonction de Directeur de l'Institut de Chimie. Parallèlement à ses activités d'enseignement, il était en charge des Affaires pétrolières au Ministère de l'Industrie et de l'Energie. M. Yousfi avait travaillé comme administrateur de la Sonatrach, compagnie pétrolière nationale, où il avait auparavant occupé la fonction de Vice-Président en chargé du marketing. Il est devenu Président du Conseil d'administration du Fonds des mines, du pétrole et des hydrauliques en 1988. Youcef Yousfi avait exercé les fonctions Chef de cabinet du Président Liamine Zeroual en 1996. Un an plus tard, il devient ministre de l'Energie et des Mines et en 1997, il est élu à l'Assemblée Populaire Nationale sur la liste du RND. En 1998 et 1999, il préside l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Décembre 1999, il est nommé ministre des Affaires Etrangères. Entre 2000 et 2001, il est ministre délégué auprès du Chef du Gouvernement (Ali Benflis). En 2001, Yousfi est ambassadeur d'Algérie au Canada. 2001, il est nommé ambassadeur d'Algérie auprès de l'ONU. Diplômé de l'École Nationale Supérieure des Industries Chimiques en France, Y. Yousfi a obtenu en 1973 un doctorat en physique à l'Université de Nancy, en France. Le nouveau ministre aura du pain sur la planche, pour redorer le blason du secteur, et notamment de la Sonatrach dont l'image à l'étranger a été sérieusement ternie par les scandales de corruption. Le désormais, ancien ministre de l'Energie M. Chakikb Khelil, a lui-même reconnu que l'affaire de Sonatrach a atteint l'image de l'Algérie. «la Sonatrach est le moteur du pays. Elle assure ses revenus », avait-il indiqué le 16 mars dernier, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. La Sonatrach décapitée ; la Sonatrach paralysée ; la Sonatrach déstabilisée ; une crise sans précédent ; un tremblement de terre ; des cadres qui vivent dans la peur. Ce sont quelques uns des titres qui sont revenus le plus souvent dans les médias algériens et internationaux depuis la révélation à la mi-janvier que le PDG de la Sonatrach, M. Mohamed Meziane, et plusieurs autres cadres dirigeants de la Compagnie nationale algérienne étaient accusés de malversations et avaient dû, au moins temporairement, quitter leurs postes. «Cette affaire a pris des proportions énormes, en Algérie bien sûr, mais aussi à l'étranger compte tenu du poids de la Sonatrach et du pays sur les marchés pétroliers et gaziers internationaux. Le mal est d'ailleurs plus profond car, d'une certaine façon, la Sonatrach est l'Algérie et le scandale qui la frappe ne peut que rejaillir sur le pays tout entier, directement ou indirectement » avait souligné la revue pétrole et gaz arabe. Entreprise stratégique par excellence comme rappelé plus haut, la Sonatrach entretient forcément des relations très étroites avec le pouvoir. Celui-ci est donc supposé ne pas pouvoir ignorer ce qui se passe au sein du Groupe énergétique national qu'il est chargé de contrôler. Exerçant directement la tutelle de l'Etat sur la Sonatrach, M. Chakib Khelil a été quasiment en première ligne.