Le remaniement ministériel opéré par le président Bouteflika a mis sur le banc de touche un pilier central du précédent gouvernement Ouyahia. Un pilier central en théorie seulement, car dans les faits, les erreurs et les effets d'annonce de Abdelhamid Temmar, puisque c'est de lui qu'il s'agit, n'ont fait que perturber le fonctionnement de l'Exécutif et bloquer un département économique censé impulser les investissements et la création de richesses. On se souvient de la fameuse stratégie industrielle présentée, à grands effets de manche, comme étant une véritable offensive pour réformer l'économie et qui n'a jamais dépassé le stade de la théorie. Pire, le gouvernement ne l'a jamais entérinée et Ahmed Ouyahia, lui-même, n'a fait aucun mystère de son opposition au projet de Temmar accusé d'adopter un verbe trop volubile sur un projet que rien ne rattache à la réalité du pays en mal de projets économiques concrets et productifs. Aujourd'hui, « l'homme du président » est relégué à un poste de ministre de la Prospective et des Statistiques, où il aura sans doute le loisir d'apporter des éclairages et des projections statistiques au gouvernement. En revanche, ce que ne pourra plus faire Temmar, c'est tenter de concocter des projets économiques dans le cadre du grand ministère que le président de la République a décidé de créer et qui échoit à un nouveau venu au gouvernement, Mohamed Benmeradi. Dispersés par le passé, tous les pans de l'économie retrouvent aujourd'hui un département unique où toute l'action économique sera concentrée. Un ministère, dédié à la fois à l'Industrie, à la Petite et Moyenne entreprises et à la Promotion des investissements, qui pourrait en principe redonner ses lettres de noblesse aux entreprises algériennes créatrices de richesses, et œuvrer à la préservation de l'outil industriel public existant au moment où en matière d'IDE longtemps favorisés par Temmar rien ne pointe à l'horizon. A ce poste de ministre de l'Industrie, de la Petite et Moyenne entreprises et de la promotion des investissements – désormais poste-clé de l'économie au sein du gouvernement – on retrouve, donc, Mohamed Benmeradi, ancien DG des Domaines, connu pour avoir longtemps travaillé sur la question du foncier industriel. Le tout nouveau ministre a d'ores et déjà du pain sur la planche, car on attend de lui qu'il fasse enfin bouger les choses. Des actions d'importance sont ainsi attendues dans ce secteur, dont l'orientation sera certainement beaucoup plus en phase avec celles amorcées par Ouyahia depuis l'été 2009 avec la promulgation de la fameuses loi de finances complémentaire (LFC 2009). Ouyahia a été en effet confronté par ce remaniement dans sa conception de la stratégie économique à adopter dans un environnement de crise mondiale. On se souvient que le Premier ministre avait motivé ces choix concernant le partenariat en montrant du doigt l'essoufflement de la globalisation qui commence à montrer ses limites en Occident, poussant les pays concernés à commercer à réfléchir à un retour vers « un recentrage économique patriotique » au lieu des grands ensembles où se diluent les responsabilités et les risques. Si Temmar qui avait une autre vision des choses et qui, à cause de ses échecs, a été mis sur la touche, d'autres ministres ont été poussés carrément vers la sortie. C'est le cas au département du commerce ou El Hachemi Djaâboub ne pourra plus officier et dont l'action a été complètement désavouée par Bouteflika. Les turbulences sur le front du commerce ont été, il faut le dire, nombreuses et épineuses : hausses incontrôlables des prix, absence de régulation, économie gangrenée par le marché informel et le problématique dossier de l'accession de l'Algérie à l'OMC en suspens, ont fini par entacher la réputation du ministre issu des rangs du parti MSP, Djaâboub, qui avait fait également un passage contesté par le ministère de l'Industrie n'a pas fait mieux dans celui du Commerce et se voit ainsi éjecté d'un gouvernement qui se veut apparemment plus efficace sur le front économique.