L'ambassadeur d'Allemagne en Chine a été convoqué par Pékin, mécontent de la rencontre, lundi à Berlin, d'un militant prodémocratie arrivé de Hong Kongavec le chef de la diplomatie allemande, a annoncé hier l'ambassadeur de Chine en Allemagne, relayé par des médias. «Nous signifions notre grande déception (…) et nous protestons très fermement contre le fait qu'un tel incident se soit produit», a déclaré l'ambassadeur chinois Wu Ken au cours d'une conférence de presse, ajoutant qu'en conséquence, l'ambassadeur d'Allemagne à Pékin a été convoqué par le ministère chinois des Affaires étrangères. «Cet incident aura un impact très négatif sur les relations bilatérales» entre la Chine et l'Allemagne, a-t-il averti. Cette décision faite suite à la rencontre lundi soir de Joshua Wong, en quête de soutiens internationaux, avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas. Ce militant de 22 ans poursuit une visite de quelques jours à Berlin où il a rencontré plusieurs responsables politiques. Il doit ensuite se rendre aux Etats-Unis. Il a posté lundi sur Twitter une photo de lui aux côtés du chef de la diplomatie allemande, au cours d'une soirée organisée par le quotidien populaire Bild, précisant avoir discuté avec lui des «protestations actuelles et de (la) lutte pour des élections libres et la démocratie à Hong Kong». Ce cliché a déclenché l'ire de Pékin, qui a jugé inacceptable que «quelques médias et politiques allemands tentent d'augmenter leur attractivité et d'attirer l'attention sur eux en se servant de séparatistes anti-Chine». «C'est de l'irrespect vis-à-vis de la souveraineté de la Chine et une ingérence dans ses affaires intérieures», a déclaré Hua Chunying, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, lors d'une conférence de presse. l'Allemagne comme refuge Ces dernières années, l'Allemagne est devenue un refuge pour plusieurs dissidents chinois, notamment Liu Xia, la veuve du lauréat du Nobel de la paix, Liu Xiaobo, décédé en 2017. En mai, deux anciens militants pour l'indépendance de Hong Kong ont obtenu le statut de «réfugié» en Allemagne, devenant les premiers dissidents hong-kongais à recevoir une telle protection. Hong Kong est secoué depuis juin par un mouvement de protestation dirigé contre l'exécutif local, sur fond de craintes d'une emprise croissante du gouvernement central. Né de l'opposition à un projet de loi, désormais retiré, visant à autoriser les extraditions vers la Chine continentale, le mouvement s'est mué en une campagne plus large en faveur d'un système plus démocratique. Début septembre, la cheffe de l'Exécutif hong-kongais, Carrie Lam, a annoncé le retrait définitif de son projet de loi sur les extraditions. Texte qui est à l'origine de trois mois de contestation dans l'ex-colonie britannique. «Le gouvernement retirera officiellement le projet de loi afin d'apaiser complètement les inquiétudes de la population», a déclaré Mme Lam. Ce retrait sera entériné en octobre par le Conseil législatif (LegCo), le Parlement local. Cette décision qui constitue une concession au mouvement de protestation de la part du gouvernement pro-Pékin, pourrait ne pas suffire pour apaiser la tension. Effet, le mouvement de protestation s'est limité initialement à réclamer le retrait du projet de loi sur les extraditions, dont les manifestants redoutent qu'il ne place la ville sous la chape d'une justice chinoise «politisée». Avec le temps, d'autres revendications sont exprimées. Il s'agit en premier lieu du retrait de la qualification d'«émeutes» pour les manifestations du 12 juin, lesquelles ont fait un mort et 79 blessés. Mesure qui doit être assortie par la création d'une commission d'enquête indépendante sur les accusations de violences policières. Ils exigent aussi la libération sans poursuite des centaines de manifestants arrêtés, la mise en place du suffrage universel et la démission de Carrie Lam. Le 1er juillet 1997, Hong Kong a été rétrocédé à la Chine par le Royaume-Uni. Le territoire en question dispose du statut de Région administrative spéciale (RAS) de la République populaire de Chine. C'est pourquoi on parle d'un territoire «semi-autonome», statut valable jusqu'en 2047.Un territoire qui a sa propre Loi fondamentale (équivalent d'une Constitution) qui prévoit en principe des élections au suffrage universel. Il dispose de sa propre monnaie, le dollar hong-kongais, indexé sur le dollar américain. Comme il possède son propre système judiciaire, mais aucune indépendance en matière de diplomatie et de défense. Une grande manifestation est déclenchée. A l'automne 2014, Hong Kong a connu des des manifestations populaires, le «mouvement des parapluies», une vaste mobilisation en faveur de l'autodétermination et de la démocratie. Mais Pékin n'a pas cédé aux contestataires.R. I.