Elles sont 200 importantes entreprises industrielles à polluer les eaux de oued Seybouse, selon l'association nationale pour la protection de l'environnement et la lutte contre la pollution (Anpep). Devant cette situation, qualifiée de dramatique, le président de cette dernière compte sévir contre les entreprises récalcitrantes. Il menace, dans un communiqué transmis à notre rédaction, les pollueurs qui ne respectent pas l'eau naturelle de cet oued dont l'importance n'est plus à démontrer. Drainant un bassin de 6 471 km2, cet oued se jette dans la Méditerranée. « D'une longueur de 225 km, il enregistre des débits de rejets polluants de toutes les formes solide et liquide émanant des zones urbaines et industrielles, notamment du côté des wilayas industrialisées en matière de production de céramique, carrelage, métallurgie, en plus de lait », explique M. Halimi, président de l'Anpep, qui révèle des chiffres effarants en matière de pollution. A ce sujet, il précise en tonnant : « Sur les 4,5 millions de polluants industriels rejetés annuellement dans la rivière, plus de 3 millions sont des huiles usagées. Les déchets solides quant à eux représentent 1 125 tonnes dont des bouteilles de boissons sachant que la durée de vie d'une bouteille en verre dans la nature est de 4 000 ans. À cela, il faut ajouter plus de 270 millions de mètres cubes d'eaux usées que génèrent les wilayas par où passe cet important oued. » Que faire devant cette situation alarmante ? La réponse est chez l'Anpep. Avant de passer aux mesures coercitives, dont le recours à la justice tel que défini dans les articles 34 et 37 du code de protection de l'environnement, priorité a été donné à la sensibilisation en lançant, à partir d'aujourd'hui, une grande campagne qui touchera les agriculteurs, industriels, habitants et population scolaire, à travers l'organisation d'expositions et de distribution de dépliants et autocollants dans les sept wilayas. Selon les conclusions des études réalisées ces dernières années par des universitaires, notamment ceux des sciences de la terre, il a été relevé que les eaux de ce fleuve ont atteint un degré de pollution inquiétant, avec des risques majeurs sur l'agriculture, la nappe phréatique et la santé publique. Et d'ajouter : « La dégradation de la qualité des eaux de la Seybouse a atteint le point de non-retour. Sa protection nécessite le traitement des déchets industriels pour préserver cette richesse hydrique et, de là, la santé des citoyens. Le projet que notre association a conçu consiste en une campagne d'information et de sensibilisation à destination du grand public à l'effet de mettre fin à cette pollution dont les efforts de mise à niveau des entreprises industrielles n'ont pas permis, jusqu'à présent, une maîtrise de ce fléau. Même les stations d'épuration érigées ça et là n'ont pas été d'un grand apport. » La Seybouse constitue non seulement une source d'approvisionnement en eau des unités industrielles, mais également un réservoir pour les rejets polluants de ces dernières. Plus de 5 800 agriculteurs et 1 920 éleveurs n'arrivent pas à irriguer leurs terres et/ou étancher la soif de leur bétail du fait de la mauvaise qualité de ses eaux.