Aussitôt la correspondance de l'Association nationale pour la protection de l'environnement et la lutte contre la pollution (ANPEP) parvenue à ses services, une organisation non gouvernementale relevant du Programme des Nations unies pour l'environnement, installée aux confins d'un des Etats des USA, y a répondu favorablement. Elle a informé les responsables algériens de l'ANPEP de sa disponibilité à apporter son aide technique et financière au projet de prise en charge de la dépollution de oued Seybouse long de 240 km. Il irrigue les régions de Annaba, Guelma, Souk Ahras, El Tarf, Constantine, Skikda et Oum El Bouaghi. Cependant, si à l'autre bout de la terre, une ONG a répondu une quinzaine de jours à peine après la réception de la demande de l'ANPEP selon M. Halimi, président de l'ANPEP, il n'en est pas de même de nos institutions. Il semble que l'aspect environnemental ne concerne pas nos responsables politiques et de l'Exécutif. Pas un seul n'a donné suite même pour souligner son indisponibilité quant à apporter un quelconque soutien à la démarche. Pourtant, les comptes rendus établis par l'ANPEP avaient été portés à la connaissance des services de la présidence de la République. Ils font état des risques que représente la pollution de l'oued Seybouse sur toutes les populations des régions qui lui sont limitrophes. Des correspondances d'alerte maximale avaient été faites à toutes les institutions y compris au ministère de l'Environnement. L'urgence d'une sérieuse prise en charge du dossier « pollution oued Seybouse » y avait été soulignée. Outre les atteintes à la santé humaine, la faune et la flore sont également menacées tout autant que la productivité et la durabilité des ressources naturelles. Particulièrement celles de 68 communes riveraines de cet oued dans lequel se déversent les huiles industrielles usagées, les déchets et les produits chimiques très dangereux de plusieurs unités industrielles. Le degré de pollution a atteint le point de non-retour. Les témoignages des riverains sont accablants. Transformé en long filet liquide de produits chimiques au lieu de filet d'eau en période de chaleur, l'oued prend feu durant la période des grandes chaleurs. Sollicités pratiquement chaque été et à maintes reprises pour l'éteindre, les services de la Protection civile sont contraints d'utiliser, durant plusieurs jours, les grands moyens pour maîtriser les sinistres. « Nous n'avançons pas des témoignages comme arguments à notre appel de détresse pour sauver l'oued Seybouse. Nous avons établi des études et consulté des spécialistes. La situation est véritablement inquiétante. Elle nous a incités à initier ce projet de dépollution pour préserver les ressources en eau destinées à l'irrigation des terres agricoles et à l'alimentation des populations », a estimé M. Halimi. Le projet en question s'étale sur une période de quatre années. Il consiste en des actions de sensibilisation des entreprises polluantes sur la nécessité d'acquérir des stations d'épuration, d'organiser la collecte des produits chimiques et des huiles usagées et pour des opérations de concertation à l'effet de mettre en place une stratégie de lutte contre la pollution de l'oued Seybouse. Au niveau des communes, c'est la grande inquiétude avec l'émergence d'un grand nombre de maladies jusqu'ici inconnues dans les régions concernées au point que l'on qualifie de banalités les maladies de la peau, des yeux et du cuir chevelu. Habitués au jeu en bordure d'oued et à s'y baigner durant la période estivale, les enfants forment le plus grand nombre de victimes de la pollution de l'oued Seybouse. Les élus font de cette pollution leur discussion de tous les jours, de toutes les réunions et rencontres avec les autorités nationales, mais sans rien voir venir. L'absence de toute réaction du ministère de l'Environnement à la démarche de l'ANPEP est très significative. « Seules les communes concernées et l'Agence nationale des bassins hydrographiques ont adhéré à ce projet. L'agence s'est même engagée à apporter toute l'aide nécessaire à la concrétisation du projet dépollution de l'oued Seybouse. Ailleurs, c'est le silence total », a ajouté M. Halimi. Bien que ce dossier lui ait été soumis en novembre 2004, le ministère de l'Environnement se complet dans l'attentisme. Entre temps, hôpitaux, structures de santé, publiques et privées, sont saturés par des patients atteints de différentes maladies induites par la promiscuité de leur habitation avec l'oued Seybouse, l'utilisation de son eau pour l'irrigation de leur terre ou jardin ou pour laver leur vaisselle. M. Halimi, qui affirme que l'enveloppe nécessaire à la concrétisation de ce projet n'est toujours pas disponible, a précisé : « Saisie bien longtemps après notre ministère de l'Environnement, une ONG activant dans le cadre du PNUE nous a répondu en l'espace de 15 jours. Six mois après, nous attendons toujours celle du ministère de l'Environnement saisi en novembre 2004. Apparemment, on ne semble pas apprécier à sa juste valeur les risques que représente un retard dans la prise en charge de ce dossier. La situation est grave. Les autorités nationales sont interpellées pour désamorcer cette bombe qu'est la pollution de l'oued Seybouse. »