Le président sud-africain a présenté, samedi à Harare, ses excuses. «Je suis présent ici devant vous comme un frère africain, qui exprime ses regrets et présente ses excuses pour ce qui s'est passé dans mon pays», a dit Ramaphosa dans un discours lors des obsèques de l'ancien président zimbabwéen Robert Mugabe. Le président rwandais, Paul Kagame, a saisi cette semaine l'opportunité de la tenue d'un point de presse destiné à officialiser l'annonce de l'accueil par son pays des Africains bloqués en Libye pour se prononcer sur le cas Afrique du Sud, qui a été le théâtre, récemment, de violences xénophobes. Pour lui, «il faut nécessairement que ce pays soit retiré de toutes les instances de l'Union africaine»… comme au temps de l'apartheid. Paul Kagame a indiqué que sa position est mue par «la complicité des autorités sud-africaines avec les xénophobes». Cette complicité se dégage, selon lui, à travers le message du président Ramaphosa qui dresse un bilan que les Africains n'acceptent guère. «Et lorsque j'entends mon homologue Ramaphosa déclarer que le bilan de ces récentes attaques est de 10 morts, dont 1 seul étranger, je me dis qu'il faudrait une mise à l'écart temporaire de la République sud- africaine de toutes les instances de l'Union africaine et des autres organisations sous-régionales, afin qu'elle comprenne que l'Afrique est appelée en ce XXIe siècle à être unie et indivisible face aux enjeux de la mondialisation», a déclaré Paul Kagame devant la presse rwandaise. Mea-culpa sud-africain Ayant pris conscience de l'étendue des ravages causés par ces violences xénophobes sur l'image de son pays, le président Cyril Ramaphosa s'est empressé de dépêcher des émissaires de haut rang auprès de plusieurs homologues du continent pour leur assurer que leurs citoyens étaient les bienvenus dans son pays, malgré la vague de violences xénophobes du début du mois. Cette mission, emmenée par l'ex-ministre Jeff Radeba, a quitté l'Afrique du Sud samedi et doit faire étape au Nigeria, au Niger, au Ghana, au Sénégal, en Tanzanie, en République démocratique du Congo et en Zambie, a annoncé hier la Présidence. Les émissaires, ajoute la même source, doivent notamment confirmer à leurs interlocuteurs que leur pays «s'engage à respecter les idéaux panafricians d'unité et de solidarité» et les informer des mesures prises par Pretoria «pour mettre un terme aux attaques et juger leurs auteurs». Le président sud-africain a également présenté, samedi à Harare, ses excuses. «Je suis présent ici devant vous comme un frère africain, qui exprime ses regrets et présente ses excuses pour ce qui s'est passé dans mon pays», a dit Ramaphosa, dans un discours, lors des obsèques de l'ancien président zimbabwéen Robert Mugabe. Hués par des milliers de Zimbabwéens en colère, Ramaphosa a réitéré l'engagement de son pays à endiguer les racines des violences contre les étrangers en Afrique du Sud. Emeutes et pillages Au début du mois, l'Afrique du Sud a été secouée pendant plusieurs jours par une vague d'émeutes et de pillages dirigée en priorité contre les habitants et les commerces des étrangers. Les violences, qui ont secoué notamment la ville de Johannesburg faisant une quinzaine de morts, ont provoqué une tension dans les relations entre l'Afrique du Sud et certains pays africains, notamment le Nigeria. Des centaines de ressortissants nigérians et zimbabwéens ont été rapatriés suite à ces incidents. Dans son discours dans la capitale zimbabwéenne, Ramaphosa a insisté qu'en dépit des violences, les Sud-Africains «ne sont pas xénophobes». «Ce qui s'est passé en Afrique du Sud est contraire aux principes de l'unité des peuples africains», a-t-il dit. Les violences xénophobes sont fréquentes en Afrique du Sud, nourries par le chômage endémique et la pauvreté.