L'avance de l'opposition est confirmée par de nouveaux résultats partiels. L'étau se resserre autour du président Mugabe qui pensait remettre en question les élections et garder le pouvoir. Les résultats de circonscriptions qui ont fait l'objet d'un nouveau comptage confirment l'avance de l'opposition face au parti du président Robert Mugabe aux législatives au Zimbabwe, selon les chiffres publiés, hier, par la presse d'Etat. Sur les 10 circonscriptions dont les résultats ont été annoncés, la Zanu-PF, parti de Mugabe, conserve quatre sièges et le MDC 6. Les résultats définitifs, publiés début avril, avaient donné au MDC la majorité au Parlement avec 109 députés contre 97 à la Zanu-PF. Mais, alléguant d'irrégularités, Mugabe a ordonné un nouveau comptage de tous les scrutins (présidentiel, législatif, sénatorial, municipal) dans 23 des 210 circonscriptions du pays. Près d'un mois après le scrutin du 29 mars, le résultat de l'élection présidentielle n'a toujours pas été annoncé. Le chef du MDC, Morgan Tsvangirai, quinquagénaire, a cependant revendiqué la victoire sur Mugabe, octogénaire, au pouvoir depuis l'indépendance du pays en 1980. Ce dernier a tenté de faire pression sur l'électorat en procédant à la chasse aux militants de son opposition. La police zimbabwéenne a effectué vendredi un raid au siège du MDC et dans les locaux d'observateurs électoraux à Harare, alors que le président Robert Mugabe mettait en garde contre toute ingérence étrangère dans les affaires de son pays. Les forces de l'ordre ont emmené toutes les personnes qui se trouvaient à Harvest House, le siège du MDC ! Pour le porte-parole de ce parti, cette opération reflète le harcèlement systématique de l'opposition depuis les élections générales du 29 mars, dont l'issue reste encore incertaine, Mugabe n'étant pas disposé à admettre sa défaite. Pourtant, il a fini par se retrouver isolé même par ses pairs de l'Afrique australe qui lui passaient jusqu'ici tous ses caprices. Pretoria, son principal soutien, a également pris ses distances de ce partenaire “encombrant”. Le prix Nobel sud-africain, Desmond Tutu, a jeté tout son poids pour contraindre le président M'Beki à lâcher Mugabe. Mais la défection la plus importante est venue de la Chine, pourvoyeur en armes de Mugabe. Le navire chinois devant lui livrer du matériel de guerre a rebroussé chemin au large de Harare. La police zimbabwéenne doit mettre un terme à son harcèlement des militants politiques ou des défenseurs des droits de l'homme et protéger les victimes de violences post-électorales, a immédiatement réagi l'organisation Amnesty International. Morgan Tsvangirai a présenté à Pretoria sa vision de la crise à la secrétaire d'Etat adjointe américaine aux Affaires africaines, Jendayi Frazer. L'envoyée de Washington poursuit ses consultations avec les présidents de la SADC (Communauté de pays de l'Afrique australe), elle a déclaré au président angolais : “S'il doit y avoir un gouvernement d'unité nationale, il devrait être dirigé par la candidat qui a eu le plus de voix et c'est Morgan.” Les Etats-Unis ont renforcé leurs pressions, l'ambassadeur sud-africain, Dumisani Kumalo, président du Conseil de sécurité pour le mois d'avril, a indiqué que la situation au Zimbabwe aura lieu fin de semaine. Mugabe continue à marteler son opposition à toute ingérence dans les affaires de son pays. Le Zimbabwe ne redeviendra jamais une colonie, a-t-il lancé à l'occasion de l'inauguration de la Foire internationale du Zimbabwe à Bulawayo, deuxième ville du pays et fief du MDC. Mais apparemment les carottes sont cuites. D. Bouatta